Page 105 - Les Kamasutra
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amour pour son mari, ni l’amour de son mari pour elle, soit par
          orgueil, soit par colère ; car une femme qui révèle les secrets de son
          époux encourt son mépris. Quant à chercher à obtenir les faveurs de
          son mari, Gonardiya dit que cela doit toujours se faire en particulier,
          par crainte de la plus ancienne femme. Si la plus ancienne femme est
          rebutée de son mari, ou stérile, elle lui marquera de la sympathie, et
          priera le mari d’être bon Pour elle ; mais  elle s’efforcera de la
          surpasser en menant la vie d’une chaste épouse.
            Ainsi finit la conduite de la plus jeune femme envers la plus
          ancienne.

            Une veuve pauvre ou de faible nature, et qui s’allie de nouveau à
          un homme, s’appelle une veuve remariée.
            Les disciples de Babhraya disent qu’une veuve vierge ne doit pas
          épouser un homme qu’elle pourrait être obligée de quitter, soit a
          cause de son mauvais caractère, soit parce qu’il serait dépourvu des
          qualités essentielles de l’homme.

            Gonardiya est d’avis que, si une veuve se remarie, c’est dans
          l’espoir d’être heureuse ; et comme le bonheur dépend surtout des
          excellentes qualités du mari, jointes à l’amour du plaisir, le mieux
          pour elle est de choisir tout d’abord un homme qui possède ces
          qualités. Vatsyayana, toutefois, estime qu’une veuve peut épouser qui
          lui plaît, et qui lui paraît capable de la rendre heureuse.
            Au moment du mariage, la veuve doit demander à son mari
          l’argent nécessaire pour défrayer les parties à boire, les pique niques
          avec les parents, les cadeaux à leur donner ainsi qu’aux amis ; ou
          bien, si elle préfère, elle fera tout cela à ses propres amis. De même
          elle pourra porter soit les ornements de son mari, soit les siens. Quant
          aux présents d’affection à échanger mutuellement avec son mari, il
          n’y a pas là-dessus de règle fixe. Si, après le mariage, elle quitte son
          mari de son Propre mouvement, elle devra lui restituer tout ce qu’il
          lui aura donné, l’exception des présents mutuels. Mais si elle était
          chassée de la maison par son mari, elle n’aurait rien à lui rendre.
            Après le mariage, elle vivra dans la maison de son mari comme un
          des principaux membres de la famille ; mais elle traitera les autres



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