Page 106 - Les Kamasutra
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femmes avec bonté, les domestiques avec générosité, et tous les amis
de la maison avec familiarité et bonne humeur. Elle fera voir qu’elle
est plus instruite dans les soixante-quatre arts que les autres femmes
de la maison ; et si elle a une querelle avec son mari, elle ne le
rudoiera pas, mais, en particulier, se prêtera à tout ce qu’il désire et
mettra en œuvre les soixante-quatre façons de jouissance.
Elle sera obligeante pour les autres femmes de son mari, donnera
des cadeaux à leurs enfants, leur servira de maîtresse et leur fera des
ornements et des jouets. Elle aura plus de confiance dans les amis et
les serviteurs de son mari que dans ses autres femmes ; et,
finalement, elle sera toujours empressée pour les parties à boire, les
pique-niques, les foires et les festivals, et pour toutes sortes de jeux
et d’amusements.
Ainsi finit la conduite de la veuve vierge remariée.
Une femme que son mari n’aime pas et que les autres femmes
persécutent et font souffrir, doit s’allier avec la femme préférée du
mari et qui l’assiste plus assidûment que les autres, et lui enseigner
tous les arts qu’elle connaît elle-même. Elle servira de nourrice aux
enfants de son mari, et, après s’être concilié ses amis, lui fera savoir
par leur entremise à quel point elle lui est dévouée. Dans les
cérémonies religieuses, les vœux, les jeunes, elle prendra l’initiative,
sans concevoir elle-même une trop bonne opinion. Lorsque son mari
sera couché sur son lit, elle n’ira le trouver que si cela lui est
agréable, ne lui fera jamais de reproches, et ne lui montrera aucune
mauvaise humeur. Si le mari est en querelle avec une de ses autres
femmes, elle les réconciliera, et s’il désire voir quelque femme
secrètement, elle s’occupera de ménager le rendez-vous.
Elle cherchera en outre à se rendre compte des points faibles du
caractère de son mari, mais elle les tiendra toujours secrets et, en
général, se conduira de telle façon qu’il puisse la considérer comme
une femme bonne et dévouée.
Ici finit la conduite de la femme qui n’est pas aimée de son mari.
On voit, dans les paragraphes ci-dessus, comment doivent se
conduire toutes les femmes du sérail du Roi ; nous n’avons donc plus
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