Page 118 - Les Kamasutra
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même teinturier et le même blanchisseur.
Et il lui fera ouvertement de longues visites, sous le prétexte de
quelque affaire qu’il traite avec elle ; et une affaire en amènera une
autre de façon à les maintenir toujours en relations. Si elle désire
quelque chose, si elle a besoin d’argent, ou si elle veut acquérir de
l’adresse dans tel ou tel art, il lui insinuera qu’il a la volonté et le
pouvoir de taire tout ce qu’elle désire, de lui donner de l’argent, ou
de lui enseigner tel ou tel art, tout cela étant dans ses moyens.
Il entretiendra avec elle des discussions, en compagnie d’autres
personnes, parlera de ce qui a été dit et fait par d’autres, examinera
différents objets, tels que des joyaux, des pierres précieuses, etc. À
ces occasions, il lui montrera certaines choses qu elle pourra ne point
connaître ; et si elle vient à être en désaccord avec lui sur les choses
elles mêmes ou sur leur valeur, il ne la contredira pas, mais assurera
qu’il est de son avis sur tous les points.
Ainsi finissent les manières de faire connaissance avec la femme
qu’on désire.
Maintenant, lorsqu’une jeune fille est familiarisée avec un homme
ainsi qu’il est décrit plus haut, et qu’elle lui a manifesté son amour
par les différents signes extérieurs et les mouvements de son corps,
l’homme doit faire tous ses efforts pour la posséder. Mais comme les
jeunes filles n’ont pas d’expérience de l’union sexuelle, il convient
de les traiter avec la plus grande délicatesse, et l’homme devra user
de grandes précautions. Cela n’est pas nécessaire, bien entendu, avec
les autres femmes qui sont accoutumées au commerce sexuel.
Lorsque les intentions de la jeune fille ne seront plus douteuses et
qu’elle aura mis de côté sa peur, l’homme commencera à faire usage
de son argent et ils échangeront ensemble des vêtements, des
anneaux et des fleurs. En cela, l’homme prendra un soin tout
particulier à ce que ses cadeaux soient beaux et précieux. Elle lui
donnera aussi un mélange de noix de bétel et de feuilles de bétel, et
s’il se rend à quelque partie de plaisir, il lui demandera la fleur
qu’elle a aux cheveux ou celle qu’elle porte à la main.
Si c’est lui même qui lui donne une fleur, elle aura un doux
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