Page 159 - Les Kamasutra
P. 159
cordialement : ce sera une occasion de séparer l’homme de sa
maîtresse.
11. Et, enfin, je jetterai sur lui du discrédit en le ramenant à moi,
car je montrerai ainsi l’inconstance de son esprit.
Lorsqu’une courtisane est résolue à reprendre un ancien amant,
son Pithamarda ou d’autres domestiques lui diront que, s’il a été
précédemment éconduit, c’est grâce à a méchanceté de la mère ; que
la fille l’aimait autant et plus que le premier jour, mais qu’elle a dû
céder par déférence à la volonté de sa mère ; qu’elle souffre de son
union avec son présent amant, et qu’elle le déteste au possible. Ils
chercheront, de plus, à lui inspirer confiance en lui parlant de son
ancien amour pour lui, et feront allusion à telle ou telle marque de cet
amour dont elle s’est toujours souvenue. Cette marque d’amour lui
rappellera une sorte de plaisir qu’il aura pu pratiquer, comme, par
exemple, sa manière de la baiser, ou sa manière d’opérer le congrès
avec elle.
Ainsi finissent les moyens de former une nouvelle union avec un
ancien amant.
Lorsqu’une femme peut choisir entre deux amants, dont l’un lui
était précédemment uni et l’autre lui est étranger, les Acharyas
(sages) sont d’avis que le premier est préférable, parce que, ses goûts
et son caractère lui étant bien connus par l’observation qu’elle en a
faite, elle pourra aisément lui plaire et le contenter. Mais Vatsyayana
pense qu’un ancien amant, qui a déjà dépensé une Grande partie de
sa fortune, ne peut ou ne veut pas donner encore de l’argent, et qu’il
mérite, par conséquent, moins de confiance qu’un étranger.
Il peut, toutefois, se présenter des cas en contradiction avec cette
règle générale, suivant les différentes natures des hommes.
Il y a aussi, sur ce sujet, des versets dont voici le texte :
“Une nouvelle union avec un ancien amant peut être désirable, en
vue de séparer telle ou telle femme de tel ou tel homme, ou tel ou tel
homme de telle ou telle femme, ou encore de produire un certain
effet sur le présent amant.” “Lorsqu’un homme est excessivement
attaché à une femme, il redoute de la voir en contact avec d’autres
hommes ; il est alors tout à fait aveugle pour ses défauts, et il lui
159