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humains momifiés relèvent d'un courant artistique témoignant de ce mélange culturel
et qui aurait influencé par la suite l'art chrétien.
UNE RÉGION PROSPÈRE
Située à une centaine de kilomètres au sud du Caire et nichée entre le désert de l'ouest
et le Nil, la ville actuelle de Fayoum était connue sous le nom de Shedet à l'époque
des pharaons. La ville, l'oasis voisin et les environs, furent transformés lorsqu'en 332
avant J.-C. Alexandre le Grand conquit l'Égypte et l'intégra à son empire, qui, à son
apogée, comprenait les territoires actuels de la Grèce, la Turquie, la Palestine, d'Israël,
la Syrie, l'Iran, l'Iraq et d'une grande partie de l'Asie centrale et du sud.
Les souverains lagides, qui succédèrent à Alexandre, ont régné sur l'Égypte pendant
près de trois siècles. Les terres fertiles des alentours de Fayoum les attirèrent. Ils y
firent construire des systèmes d'irrigation et cette région devint l'une des plus
productives d'Égypte, où les récoltes de fruits, de légumes et des vignes étaient
abondantes. Alors que la région prospérait, l'oasis attira des individus aux origines
différentes, ce qui contribua à former une population multiculturelle composée
d'égyptiens, de grecs et de romains. La plupart des Grecs, ou Hellènes à l'époque,
étaient arrivés avec Alexandre le Grand au moment de sa conquête de l'Égypte.
De nombreux locaux égyptiens étaient des paysans ou des artisans originaires d'autres
régions du pays. À partir de l'an -30, la présence romaine s'était intensifiée en Égypte
sous l'influence d'Octave, qui ne tarda pas à devenir l'Empereur Auguste. À la mort
de Cléopâtre, dernière souveraine lagide et amante de Jules-César et Marc Antoine,
Auguste fit de l'Égypte une province romaine.
Le multiculturalisme qui régnait à Fayoum se retrouvait dans l'art, la religion et la
langue. Des preuves archéologiques révèlent que les citoyens de cette population en
pleine croissance écrivaient et parlaient grec. Leurs prénoms étaient d'origine
grecque, comme Antinoüs, Polion, Sôter et Irène, mais également égyptienne, à
l'instar d'Ammonius. Les familles d'origine grecque qui vivaient autour de Fayoum et
dans d'autres zones situées au nord de l'Égypte semblaient avoir adopté sans mal les
traditions et les rituels religieux de leur nouvelle contrée. De nombreux grecs
vénéraient Osiris, dieu de l'au-delà, et avaient tendance à suivre les coutumes
égyptiennes lors des rites funéraires.
Photo : British Museum/Scala, Florence
Mise au jour à Hawara et exposée au British Museum à Londres, cette momie d'un
jeune garçon datant de l'époque romaine présente une structure complexe de