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leur sujet sous leur meilleur jour, les tenues, les coiffures et les accessoires reflètent
la mode de l'époque. On constate ainsi qu'ils sont habillés non pas à l'égyptienne,
mais à la romaine, ce qui témoigne de l'influence de la cour impériale.
En général, les portraits des momies étaient réalisés sur du bois. Toutefois, du lin
durci servit quelquefois de support. Bon nombre d'artistes créaient leur peinture en
mélangeant des pigments à de la cire d'abeille et l'appliquaient en plusieurs couches,
une technique appelée à l'encaustique, qui signifie « brûler » en grec. Toutefois, la
fabrication de la peinture ou la réalisation des portraits ne nécessitaient aucune
combustion. Il se peut que cette technique, certainement originaire du monde grec,
ait fait son apparition en Égypte à l'époque des conquêtes d'Alexandre le Grand. La
superposition de différentes couleurs permet d'obtenir un éventail unique de teintes
subtiles qui confèrent profondeur et intensité au portrait.
Les portraits à l'encaustique sont faciles à reconnaître à leur finition brillante. Certains
artistes appliquaient sur les portraits un mélange à base de pigments, d'œuf et d'eau,
appelé tempera. Contrairement aux œuvres à l'encaustique dont la surface est brillante,
les portraits sur lesquels a été appliquée de la tempera ont souvent un fini mat.
L'application de feuille d'or, observée dans certains des portraits les plus onéreux, est
à souligner. Cela confère éclat et richesse aux couronnes.
UNE INSPIRATION POUR DE NOMBREUX COURANTS
ARTISTIQUES
À la fin du 4e siècle après J.-C., et dans un souci de renforcer l'orthodoxie chrétienne
à travers son empire, Théodose I interdit la momification. Malgré la disparition d'un
er
rituel de la culture égyptienne vieux de plusieurs millénaires, les portraits des momies
eux jouiront en quelque sorte d'une vie après la mort.
Des années et siècles plus tard, l'influence des portraits du Fayoum se retrouva dans
des œuvres d'art de la période byzantine, de l'Europe médiévale et dans les premiers
tableaux de l'art chrétien. L'utilisation des feuilles d'or, l'individualité et les grands
yeux de ces portraits seront repris dans les icônes byzantines, ainsi que dans l'art
médiéval et de la Renaissance en Europe. Près de 1 000 portraits du Fayoum sont
exposés dans des musées du monde entier, de l'Égypte en passant par Londres et
Los Angeles, permettant à l'Homme moderne de croiser le regard du passé.
Eva Subías Pascual est professeur agrégée d'archéologie à l'Université Rovira i Virgili, située en Espagne.
Cet article a initialement paru sur le site internet nationalgeographic.com en langue anglaise.
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