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Thomas Jeckyll, un autre architecte d’intérieur britannique, expérimenté dans le style
anglo-japonnais. C’est dans cette pièce qu’il put réaliser un espace d'exposition dédié
à la collection de porcelaine chinoise de la dynastie Qing (1644-1911) de son
commanditaire, essentiellement bleue et blanche : dans un esprit japonisant et
s’inspirant de cette dernière, il conçut une décoration incarnée par une riche palette
de verts-bleus, et rehaussée à la feuille d’or.
Sous un plafond incarnant le style Tudor avec des panneaux desquels étaient
suspendus huit luminaires à globe, les murs furent
recouverts de tentures du XVIe siècle en cuir de
Cordoue, apportées en Angleterre dans la dot de
Catherine d’Aragon. Ornées de multiples éléments
symbolisant son union avec Henri VIII, tels que la
grenade ouverte ou les roses rouges Tudor, ces
tentures trouvèrent une place durant plusieurs
siècles au sein d’une maison de style Tudor avant
d’être rachetées pour 1000 livres sterling par
Leyland. Contre ces murs, Jeckyll conçut un réseau
d’étagères complexe en noyer et taillées en fuseau,
destinée à la réception de la porcelaine chinoise du
commanditaire. Il plaça dans une extrémité de la
pièce, au sud, une commode dite welsh, créant
ainsi un rappel avec les étagères composées du
même bois, en dessous d’un panneau de cuir. The Peacock Room, 1876, par Peter Nelsen. Galerie
d'art Freer et Galerie Arthur M. Sackler.
James McNeill Whistler, La princesse du pays de la porcelaine, 1863-1865, the Peacock
Room, Freer Gallery of Art de Washington, D.C.
Trois fenêtres hautes offrant une vue sur un parc
privé se déploient à l’est de la pièce tandis qu’au nord, se
dresse une cheminée au-dessus de laquelle a été accrochée
une œuvre du peintre américain James McNeill Whistler
dont l’importance détermina plus tard l’esthétique de la
Peacock Room : La Princesse du pays de la porcelaine. Ce tableau
constitue la pièce maîtresse de la Peacock Room, autour
duquel se déployait la décoration de Jeckyll. Peint entre
1863 et 1865, son iconographie inspirée des motifs
extrême-orientaux, japonais notamment, est bien évidente :
Christina Spartali, une jeune et belle femme anglo-grecque
que tous les peintres de son temps s’empressaient de
peindre, est ici figurée devant un paravent aux motifs
asiatiques, tenant un éventail circulaire dans sa main. Elle
est vêtue d’un kimono gris richement orné, ceinturé d’un obi rouge et couvert d’une
étoffe fleurie. Le tapis à ses pieds établit un rappel avec la porcelaine de Chine, bleue