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Les influences extrême-orientales dans la conception d’un
patrimoine occidental : l’exemple de la Peacock Room
Julie Fac
Fermé aux occidentaux durant deux siècles par sa politique isolationniste, le
Japon fit l’objet, à sa réouverture en 1858, d’une immense admiration. Les voyages
sur l’archipel nippon ont permis de satisfaire la curiosité des Européens qui virent en
cette nouvelle culture une source d’inspiration sans pareil : c’est ainsi que naquit un
des grands thèmes de la production artistique de la IIIe République, le japonisme. Il
ne s’agit en réalité pas d’un style ou d’une esthétique en particulier, mais se rapproche
plus précisément d’une vogue empruntant ses motifs à l’art extrême-oriental qui se
propagea au XIXe siècle. Si le japonisme put grandement s’épanouir dans la peinture
avec Claude Monet, Vincent Van Gogh, Edgar Degas et bien d’autres, les arts
décoratifs et l’architecture s’en inspirèrent également : étudions dans cet article
l’exemple de la Peacock Room. Peinte entre 1876 et 1877, cette pièce est aujourd'hui
considérée comme l'un des plus grands intérieurs esthétiques qui subsistent, et
comme le meilleur exemple du style anglo-japonais.
The Peacock Room.Ó Freer Gallery of Art à Washington
C’est en 1876 que la Peacock Room vit le jour dans la maison de ville de Frederick
Richards Leyland, un navigateur et riche collectionneur d’art britannique, située dans
le quartier de Kensington à Londres. Il fit appel à l’architecte Richard Norman Shaw
pour redécorer sa demeure ; ce dernier confia la conception de la salle à manger à