Page 32 - Lux in Nocte 13
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Il ne semble pas, même si les armées anglaises côtoyèrent ces rives de la Seine,
que la guerre de Cent Ans n’ait laissé de traces particulières, de même que celles de
religion. La terre d’Andé ne comprenait pas – outre le Mesnil – toute la paroisse,
puisque les fiefs de Muids et d’Herqueville s’y étendaient. Ce qui finalement ne posera
guère de problèmes puisqu’en 1610, on retrouve le domaine en possession de Jacques
de Houetteville, seigneur de Muids. Sans que l’on sache s’il s’agit de ventes ou de
mariages, les noms de Pierre Romé et de Jacques-Charles Coquerel, conseiller à la cour
des comptes de Normandie, passent ensuite à la tête de la seigneurerie. Notons qu’il
existait au XVIe siècle un manoir seigneurial à l’emplacement du château actuel qui lui
pourrait bien être l’œuvre de Jacques Coquerel. De même que les guerres
précédemment évoquées, les effets de la Révolution Française ne furent guère
imposants ; seulement fut-il question de réunir à Andé les paroisses d’Herqueville et
de Connelles, la réaction fut vive et le projet avorta. Non, la véritable révolution fut
pour Andé au milieu du XIXe siècle la construction des ponts et de la nouvelle route
dite « nationale » qui va lui ôter son statut que quasi-insularité et déplacer le centre de
gravité du village, de la rue du Moulin au croisement principal actuel. Le nouvel axe
de communication et la proximité du chemin de fer aidant, Andé va ensuite sacrifier
lourdement à l’exode rural avec une imposante diminution démographique et du
nombre de fermes. La désertification sera ensuite comblée par les phénomènes
conjoints des petites cités ouvrières et des résidences secondaires. Pendant ce temps
le château devint successivement propriété de M. Lecousturier de Courcy – également
maire – puis de la famille vicomtale de Brismont. Oswald de Brismont le vendit en
viager avant de décéder en 1943. Au titre des derniers propriétaires peut-être peut-on
citer M. Capoulade qui fit abattre le parc boisé pour le transformer en… sablière !
Notre courte histoire ne serait pas complète si on oubliait de mentionner le
passage de la Seine et la Libération en août 1944 par la Quinzième Division écossaise.
Le 27 août, diverses brigades prirent position en face de Muids, d’Herqueville, une
patrouille traversant la Seine à cet endroit sans rencontrer de résistance, et donnèrent
l’assaut à Saint-Pierre du Vauvray. Le passage de la Seine se fit sans trop de pertes à la
hauteur du pont routier, mais la résistance allemande fut beaucoup plus importante à
la hauteur du Mesnil où trois barges de l’unité d’assaut furent coulées par un feu de
mitrailleuses. Deux unités purent enfin prendre position entre le Mesnil et Andé et le
28 août au matin la Libération était accomplie. Marcheurs qui emprunterez la boucle
Saint-Martin ou le circuit des Buspins, rappelez-vous de ces Ecossais qui empruntèrent
ce chemin.
LE CHATEAU D’ANDÉ
Bâti sur l’emplacement du château précédent et à propos duquel nous ne
possédons aucun renseignement, le château d’Andé est une construction du XVIIIe
siècle peut-être à l’instigation du seigneur Coquerel. En raison d’une date inscrite sur
une lucarne, on pourra avancer celle de 1739…
Il est composé d’un logis simple à un étage d’élévation, couvert d’un toit en
ardoises percé de lucarnes. Les façades sont recouvertes d’un enduit et dessinées de
chaînes de pierres harpées aux angles et aux baies.
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