Page 36 - Lux in Nocte 13
P. 36

Au  plan  métaphorique,  la  récolte  excessive  d’aliments  sélectionnés,  et  donc  la
               trahison de l’alliance avec la nature sauvage, a été incarnée par l’épisode du rejet hors du
                 Paradis  Terrestre.  L’humanité  a  cherché  à maitriser  le  fonctionnement    du  monde  en
               pénétrant ses secrets et sa nature. Elle réalise alors sa nudité, c’est-à-dire son inadéquation
               avec  la  sauvagerie  alentour  d’où  elle  surgit.  Elle  doit  quitter  les  ressources  naturelles
               abondantes,  puis  cultiver  la  terre  car  les  produits  naturels  ne  lui  appartiennent  plus.
               L’audace tentée par l’humanité vers le contrôle l’a condamnée à exister contre les éléments
               naturels. Cette métaphore biblique se retrouve encore dans les cultes saisonniers rendus aux
               premières  moissons  restituées  symboliquement  à  la  nature  par  le  vent  qui  les  emporte
               (fig.2).














































               Fig. 2. Les céréales sauvages furent partout récoltées chez les prédateurs, parmi toutes les
                   autres ressources alimentaires, mais celles-ci modifièrent leur biologie par un taux de
                   mutations  élevé  et  devinrent  «  domestiques  ».  Ces  échanges  nutritionnels  sont
                   spontanément reproduits lors des premières récoltes dont une partie est restituée à la
                   nature par le vent (Afrique orientale et Sud-Ouest américain)


                      Les  cultes  de  l’eau  prennent  une  importance  cruciale  comme  en  témoignent  les
               coquilles représentées sur les vases destinés à la contenir. L’eau symbolise la vie renouvelée,
               y compris via les baptêmes, mais surtout lors des cérémonies d’exhortation de la pluie. La
               coquille, la femme et l’eau se trouvent organiquement associées par les images et les rituels.
               Le labour  évoque  l’acte sexuel de renouvellement de  la vie,  accentué par l’absorption de










                                                           36
   31   32   33   34   35   36   37   38   39   40   41