Page 39 - Lux in Nocte 13
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Fig. 5. L’acte de polissage, long, appliqué, pénible met en forme des roches dures. Il leur
confère un aspect luisant et raffiné : cette action confine à la magie au même titre que
la terre cuite. Les silhouettes obtenues possèdent toutes ces valeurs combinées, comme
un gage de sacralité prestigieuse : ces « armes » ne servent plus : elles incarnent un rôle
(polissage en Nouvelle-Guinée, hache polie symbolique, mouture du blé analogue
offrant l’espoir de la vie par un travail long et patient)
La gamme des animaux reproduits comprend des espèces redoutables mais
maitrisées symboliquement par leurs situations disposées sous forme d’attributs associés aux
humains. Les félidés sont maitrisés par les femmes (fig.6). Les serpents ornent les têtes des
statuettes. La puissance des taureaux est suggérée par des cornes qui évoquent les combats
symboliques où l’homme triomphe au nom de l’humanité entière (fig.7). C’est ainsi que les
bucranes jaillissent des parois des tombeaux mégalithiques, symbole de cette puissance
perpétuelle incarnée dans les couloirs des défunts rassemblés (fig.8). Symétriquement, les
animaux domestiques entrent dans la gamme des figures bienfaisantes, comme le mouton
ou la chèvre, sources de vitalité paisible et de renouveau spirituel, jusque dans leur rôle
rédempteur. Là aussi, la référence aux textes bibliques est évidente : Dieu donne pour destin
à l’humanité de conquérir la terre et d’asservir les animaux, au profit de sa seule
procréation. Même en l’absence de ces textes sacrés, l’évolution des peuples néolithiques
correspond précisément à cette prophétie, comme si elle avait été émise tel un destin
collectif.
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