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Christine Adamo - Copyright NMS51GC





                        orties et les animaux. En même temps, c’est pas grave vu que papa

                        et elle ont divorcé. Donc maintenant, elle risque plus de venir.

                               L’important à la Neuville-aux-Haies, c’est que papa est avec
                        moi. Et moi, j’aime sentir le bois quand je dors dans ma chambre

                        de là-bas. En plus, le matin quand je me réveille, je vois les grosses

                        poutres en chêne tout noir que papa a décapées, même qu'il a failli
                        y laisser un doigt vu que he’s-not-a-manual-worker, dit Granma. Et

                        de ma petite fenêtre au premier étage sous le toit, je peux cracher

                        sur les fleurs que Granma a plantées le long du mur. Je fais pas pipi
                        vu  que  le  pipi,  ça  fait  jaunir.  Mais  cracher  c'est  rien  parce  que

                        dessous, c’est la bruyère qui vient d'Ecosse et que Granma appelle

                        heather et qui est super-résistante. C'est ce qu'il faut ici vu qu'on est

                        tout en haut. Et que le vent qui vient des Hauts-Buttés est souvent
                        méga-froid, même en été.

                               Devant la maison, il y a aussi la glycine qui viendra bientôt

                        me chatouiller les doigts de pied la nuit, et des roses-roses parce
                        que les rouges c'est pour l'amour  so-strong-it-is-bad, dit Granma.

                        Tenderness-is-everlasting,  elle  dit  aussi,  pareil  que  les  myosotis

                        forget-me-not dont on peut plus se débarrasser et qui durent toute la

                        vie  et  sont  tellement  bleus  qu'on  dirait  les  yeux  de  papa  ou  de
                        Granma. En plus de tout ça, à la Neuville-aux-Haies, au printemps,

                        il  y  a  du-muguet-pour-le-bonheur,  comme  c’est  marqué  sur

                        l’écriteau devant les brins que l’épicier-boulanger vend super-cher
                        le  premier  mai.  Il  sent  même  trop  bon,  le  muguet.  Et  les  gros

                        bouquets  me  donnent  mal  à  la  tête  quand  je  les  garde  dans  ma

                        chambre la nuit. Les-bonnes-choses,  on-ne-doit-pas-en-abuser, dit
                        papa quand il a mal au ventre parce qu’il a pas pu s’empêcher de

                        finir les lasagnes qu’il a ramenés de chez l’épicier-aussi-boucher.





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