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Christine Adamo - Copyright NMS51GC
la voisine d’avant, elle regardait quand les feuilletons-de-l’amour
faisaient la grève. L’embêtant, c’est que, pendant que je portais le
sac dans le couloir, Erasmus-le-chat s’est mis à griffer autour de
lui, il a fait des trous, et ça l’a fait respirer. En voyant ça, pendant
une méga-minuscule seconde, je me suis dit que je réussirais pas à
aller jusqu’à la salle de bain. Et comme la cuisine était plus près et
même en face, j’ai réfléchi que j’allais le mettre dans le micro-onde
pour le faire cuir. Mais aussitôt, j’ai re-réflechi. Si ça faisait pareil
que quand maman met un plat de poisson dedans le micro-onde en
oubliant le couvercle, Erasmus-le-chat allait exploser en giclant
partout. Et moi, j’avais pas envie de tout nettoyer. Surtout que
maman avait pas encore retrouvé de femme de ménage avec toutes
ses mains.
Alors j’ai serré les bras encore plus fort autour du sac avec
Erasmus-le-chat dedans. Même si je commençais à sentir ses
griffes à travers mon blouson pour la promenade et mon pull en-
dessous, j’ai foncé jusqu’à la baignoire de la salle de bain que
j’avais remplie avant. Et j’ai lâché le sac dedans.
Là, forcément, Erasmus-le-chat aimait de moins en moins, et
il griffait de plus en plus le sac. Du coup, je me suis dépêché de
brancher le vieux rasoir de papa et de le mettre en route, tout pareil
que papa m’avait montré quand je voulais jouer à être grand et me
raser comme si j’avais de la barbe pour de vrai. Et je l'ai jeté aussi
dans la baignoire.
Ça a fait psscht. Il y a eu un peu d'étincelles. Et Erasmus-le-
chat a arrêté de gigoter. Heureusement et c’était tout juste parce
que le sac était déjà à moitié en petits morceaux.
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