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Christine Adamo - Copyright NMS51GC





                               A l’école, la semaine d’avant, il y avait eu des travaux dans

                        la  cour  à  côté  des  toilettes  du  fond.  La  maîtresse  nous  avait

                        expliqué qu’il fallait jamais aller toucher les fils rouges et bleus qui
                        dépassaient partout, surtout si on avait encore les mains mouillées.

                        Même aller faire pipi dessus, on avait pas le droit. Et si Théophile

                        nous disait d’y aller sans se faire voir vu qu’il trouve marrant de
                        faire  pipi  sur  autre  chose  que  l’eau  des  toilettes,  il  fallait  pas

                        l’écouter.  Moi,  en  plus,  j’avais  lu  un  livre  sur  l’électricité  de

                        Benjamin-Franklin et tout et tout. Du coup, j'ai réfléchi à ce qu'il y
                        avait d'électrique dans la maison. Et je me suis dit que le mieux,

                        c’était le vieux rasoir que papa avait laissé. Vu qu'il marchait plus

                        beaucoup après que maman s’était rasé les poils des jambes avec,

                        personne s'en apercevrait.
                               Le  mercredi  après-midi,  je  suis  toujours  tout  seul.  Maman

                        dit qu'à mon âge, vu mon QI, je dois être assez raisonnable pour me

                        passer de baby-sitter. Moi, je croyais que le QI c'était l'intelligence
                        et pas la raisonnabilité. Mais ça fait rien. Ce jour-là, toute façon,

                        c’était mieux parce que j’avais des choses à faire avec Erasmus-le-

                        chat.

                               La première chose à faire, c’était de l’attraper pour le fourrer
                        dans un sac en plastique. Rien que ça, c’était pas facile vu qu’il

                        s'était caché sous le fauteuil gris du salon, et j'ai été obligé de le

                        faire sortir avec le manche du balai-brosse. Heureusement, j'avais
                        mis mes gants d'hiver en cuir et mon vieux blouson en jean de la

                        promenade. Donc j’ai pas eu de griffures sur les mains et le reste.

                               Après ça, je me suis d’abord dit que c’était peut-être assez
                        de laisser Erasmus-le-chat dans le sac en plastique. Il finirait par

                        étouffer, pareil que l’otage que j’avais vu une fois dans un film que





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