Page 16 - Bulletin, Vol.81 No.1, May 2022
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Alors personnellement j’ai pioché dans mon stock de livres « A lire un jour !!!! » et j’y ai
            trouvé des trésors. On n’avait pas le choix d’en acheter de nouveaux, la culture n’ayant
            pas été considérée comme essentielle. On peut se reporter au paragraphe précédent
            pour s’en convaincre.

            Mais cette période m’a permis aussi de m’interroger sur mes choix de loisirs, sur mes
            priorités.  C’est  long  deux  ans  de  liberté  surveillée,  on  a  amplement  le  temps  de
            gamberger, voire même de déprimer.
            Le livre pour moi, que représente-t-il donc ? Une source d’informations, un moment de
            détente,  le  retour  à  du  bon  français  (désolée  je  lis  plus  souvent  en  français  qu’en
            anglais). Je fais de la résistance à tous ces nouveaux vocables qui ont fleuris pendant
            la  pandémie  et  qui,  de  surcroit  se  sont  invités  dans  les  nouvelles  versions  des
            dictionnaires.  En  fait  le  langage  a  plus  évolué  en  deux  ans  que  pendant  les  trente
            dernières années. Les membres de l’académie française ont même réussi à donner un
            sexe  à  COVID.  Et  ne  parlons  pas  du  « iel »  qui,  sous  prétexte  d’égalité  des  genres
            commence par le masculin. Que dire de l’accord du participe passé par exemple : Il y a
            eu appel de candidature. Iel sera payé !!! ou payé-e

            Cela m’a amené à en parler avec des lectrices patentées parmi mes amies. Pour elles,
            bien sûr, on ne questionne même pas le fait de lire c’est un peu comme respirer, on le
            fait sans y réfléchir. Oui mais alors, pourquoi ne lit-on pas tous ? Par manque de temps,
            par paresse ou tout simplement parce qu’on n’y a pas été initié.

            Une fois de plus on revient à l’essentiel, l’éducation qui détermine notre avenir. Et c’est
            ainsi qu’on se rend compte à quel point nous avons eu de la chance de vivre dans des
            pays qui nous donnaient la possibilité d’acquérir des bases. Le jardin était prêt il nous
            incombait de l’entretenir.
            Mais revenons un peu sur les livres : on peut les lire dès qu’ils paraissent, en général
            imprimés sur un bon papier, entourés d’une belle couverture, avec le sentiment de faire
            partie  des  initiés,  attendre  qu’ils  sortent  en  format  « poche »,  là  on  peut  reconnaitre
            cette  avancée  merveilleuse  pour  permettre  aux  moins  aisés  d’accéder  à  la  lecture,
            s’abonner à la bibliothèque du village et laisser d’autres faire le choix de vos lectures,
            les  télécharger  pour  les  rendre  accessibles  partout  et  diversifier  les  possibilités,  et
            même  faire  le  choix  d’y  accéder  en  format  audio,  ce  qui  permet  aux  malvoyants  de
            garder le plaisir de « lire ».

            Mais on ne sait toujours pas pourquoi on choisit tel ou tel ouvrage. Pendant des années
            mes choix ont été orientés par un certain Bernard Pivot qui officiait à la télévision et
            nous  mettait  en  contact  avec  les  écrivains.  Aujourd’hui  il  reste  heureusement  des
            émissions littéraires mais hélas pas sur les chaînes de grande écoute. Parfois je me
            ballade simplement dans les rayons des supermarchés de la culture, hé oui cela existe
            aussi, et c’est souvent la couverture qui m’interpelle. En lisant le résumé au dos de la
            couverture, je me décide… ou non.

            Mais  souvent  mes  choix  viennent  d’une  conversation  à  bâtons  rompus  sur  un  sujet
            anodin qui débouche sur : « cela me rappelle tel livre, l’as-tu déjà li, veux-tu que je te le
            prête ? » C’est merveilleux l’échange.


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