Page 19 - Bulletin, Vol.81 No.1, May 2022
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A 91 ans, ma maman ne souffrait d’aucune maladie grave. Simplement elle entendait
mal et n’osait plus vraiment sortir seule. Elle habitait dans un immeuble qui bénéficiait
d’un petit restaurant au rez-de-chaussée (ma maman était au 4 ème étage). Ainsi elle
prenait l’ascenseur et descendait pour aller y manger. Là, elle était accueillie, mais
surtout, elle n’y mangeait jamais seule.
Puis, il y a eu le « Covid », tout ou presque, s’est arrêté et l’équilibre de beaucoup de
personnes en a été bouleversé.
Le petit restaurant a fermé, les personnes qu’elle rencontrait sont restées cloitrées chez
elles. Du coup, ma maman n’a peu à peu presque plus rien mangé, elle s’est affaiblie et a
perdu du poids. Les médicaments sont devenus trop dosés, mal adaptés. Elle a
commencé à tomber, s’est cassée un bras, puis un pied. C’était le début d’un engrenage
descendant.
Au début, j’allais voir ma maman environ deux heures par jour, 4 fois par semaine, mon
frère y allant les 3 autres jours. Puis, les événements ont fait que j’y suis allée tous les
jours pour préparer les repas, lui laver les cheveux, faire la lessive, m’occuper de son
administration, manger avec elle, et l’aider à se laver. J’y passais quasiment toute mes
journées et ce jusqu’à son départ.
Elle n’est plus là maintenant. Certes elle me manque, son amour, ses regards, ses
sourires, tout me manque. Mais maintenant, je l’admets, j’étais vraiment épuisée à la fin
de sa vie. J’aurais dû demander plus d’aide et c’est, humblement, le seul conseil que veux
donner.
AAFI-AFICS BULLETIN, Vol. 81 No.1, 2022-05 17