Page 20 - Bulletin, Vol.81 No.1, May 2022
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ESSENTIELLE, LA MAIN !


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            Elle interagit sans cesse avec notre environnement : elle crée, donne, salue, caresse,
            frappe, protège, cueille, pianote, signe… Elle est étroitement liée au développement de
            notre cerveau.

            Le mot est utilisé dans nombre d’expressions : avoir le cœur sur la main, prendre son
            courage  à  deux  mains,  avoir  la  main  heureuse,  la  main  verte,  s’en  laver  les  mains,
            mettre la main à la pâte, prêter main-forte, etc….

            Lorsque nos lointains ancêtres sont descendus des arbres et qu’ils se sont dressés sur
            leur arrière-train, libérant ainsi leurs pattes avant, ils ont pu en activer un nouvel usage
            et « Au fur et à mesure qu’ils s’en sont servis, la zone du cerveau correspondant aux
            mains s’est agrandie. Notre main façonne fortement notre cerveau, la zone
            correspondante y est largement représentée, bien plus que celle de nos jambes ou de
            notre tronc, explique Jean-Luc Velay, neuroscientifique attaché au CNRS et ce, quel
            que soit notre âge. Selon que l’on écrit de gauche à droite ou de droite à gauche, cela
            modifie notre perception de l’espace, nos représentations cognitives. Si on n’utilise plus
            ses mains, certaines régions cérébrales ne  s’activent plus. Et donc, plus on est actif
            avec son corps, notamment ses mains, mieux on vieillit ».

            Pour les violonistes par exemple, la main gauche est extrêmement sensible au toucher.
            La zone du cortex qui correspond à la sensibilité de la main gauche fait travailler plus
            de neurones chez le violoniste que chez un non musicien.

            Plusieurs  études  ont  montré  que  les  notes  manuscrites  sont  mieux  mémorisées  que
            celles  prises  au  clavier  de  l’ordinateur.  « On fait intervenir plusieurs sens, dont le
                                                                         1
            toucher explique Françoise Bourdon, graphopédagogue  /, on donne ainsi plus de sens
            à ce que l’on écrit ».

            « Ne plus écrire qu’au clavier (où l’on se sert des deux mains) déboucherait sur des
            modifications de notre cerveau,  estime  Jean-Luc  Velay.  Nous pourrions perdre des
            compétences, mais récupérer d’autres capacités, puisque nous aurions un meilleur
            équilibre entre nos deux hémisphères. Être  ambidextre, c’est plutôt avantageux dans
            certaines situations de la vie, les bricoleurs en savent quelque chose ! Les deux
            hémisphères de notre cerveau communiqueront différemment. On ne perdra vraiment
            que si on ne fait plus rien avec nos mains !



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