Page 27 - Bulletin, Vol.83 No.1, April 2024
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Des bassins de rétention des eaux pluviales ont été également créés pour
l'abreuvement du bétail, de même que des jardins circulaires (conçus en forme de
cercles concentriques car cela améliorerait la rétention d'eau et le travail dans le sol des
bactéries, champignons, et micro/macro organismes)
Au Sénégal, compte tenu des activités humaines, 45 % seulement du territoire doit être
reboisé - néanmoins en novembre 2015 il restait environ 340 000 hectares à restaurer.
Au rythme actuel de 5000 hectares reboisés par an, une petite dizaine d’années semble
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encore nécessaire pour toucher au but .
En septembre 2021, l'AFD (Agence française de développement) estime que 20
millions d'hectares ont été restaurés et 350 000 emplois créés. La Convention des
Nations unies sur la lutte contre la désertification estime que seulement 15 % de la
Muraille est achevée, principalement au Sénégal et en Éthiopie, seuls pays qui ont
vraiment donné de l’importance au projet. L'inconstance des bailleurs de fonds (les 11
pays n’ont pas tous consacré 10% de leur PIB à l’agriculture comme ils s’y étaient
engagés). ainsi que les conflits et l'insécurité au Sahel sont pointés du doigt. (Parmi les
onze acteurs, cinq ont vécu des coups d’État ou ont sombré dans la guerre civile).
Second souffle
La Grande muraille verte a néanmoins connu un second souffle en 2021, avec le One
Planet Summit. « Il y a eu une mobilisation internationale avec des engagements
de 19 milliards de dollars », présente Sandra Rullière. La banque mondiale et l’Union
européenne sont aux premières lignes. La France a mis 600 millions d’euros sur la
table pour la période 2021-2025. L’Agence Française pour le Développement (AFD) se
charge de répartir cette enveloppe entre les projets.
Malgré cette nouvelle impulsion, toute la muraille n’est pas encore financée. « Il
faudrait bien plus que ce qui a été annoncé. Il ne faut pas raisonner uniquement
avec les financements extérieurs. Il faut chercher à mobiliser les États, les
banques publiques, mais aussi le secteur privé et les collectivités territoriales »,
estime Sandra Rullière.de l’AFD. Un des enjeux est aussi de créer des espaces de
concertation pour que les populations s’entendent sur les conditions d’accès à l’eau,
aux terres et aux autres ressources.
En janvier 2023, sans fermer les yeux sur la lenteur du processus, l’homme politique
ivoirien Alain-Richard Donwahi, président de la Cop 15 contre la désertification,
encourageait à poursuivre la muraille, dans le journal « La Tribune » : « Puisque
l’enjeu de cette Grande muraille verte est mondial, les acteurs déjà engagés dans
sa réalisation ont désormais besoin d’être épaulés plus largement pour passer un
cap. Le One Planet Summit ouvrait à Paris une voie nouvelle. Il ne s’agissait plus
seulement d’un dessein écologique, mais d’un projet plus large pour le Sahel,
également économique et sécuritaire .»
AAFI-AFICS BULLETIN, Vol. 83 No.1, 2024-04 26
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