Page 30 - Bulletin, Vol.83 No.1, April 2024
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alimentaire, permettrait de réduire de 99% les gaz à effets de serre consécutives aux
émissions de méthane des bovins soit 8% des gaz à effets de serre sur la planète.
Depuis des siècles, les algues ont été utilisées comme fertilisants. C’est un bio
stimulant qui réduit la fragilité des plantes.
Exergue : L’algue est la ressource la plus inexploitée du monde
Leur utilisation en remplacement du plastique est déjà entamée. Par ailleurs, au large
du désert de la Namibie, une ferme se met en place en cultivant des algues qui
poussent de 30 centimètres par jour (macrocystis) et créé un écosystème pour la vie
sous marine. A terme, cette ferme absorbera autant de gaz à effet de serre que n’en
n’émettent les Pays-Bas. Il faut bien sûr réduire les émissions mais nous pouvons
également réabsorber ce qui est présent dans l’atmosphère. Le carbone séquestré par
l’algue sera emprisonné dans le fond des océans sans être détérioré par les bactéries
et se transformer en pétrole. C’est d’ailleurs un des thèmes qui sera développé à la
COP 26. Les algues nettoient les océans, elles absorbent les phosphates et nitrates.
Enfin, l’intérêt des algues est qu’elles constituent un énorme moteur de croissance pour
la population côtière et qui profitera en majorité aux femmes de pêcheurs. En Tanzanie,
80% de la filière se trouve aux mains des femmes. Enfin, 70 % de la population
mondiale vit dans une zone côtière et pourrait donc, de fait, bénéficier d’un circuit court
pour sa consommation.
Il est absurde de ne pas utiliser une ressource qui ne nécessite ni terre, ni
engrais, ni pesticide ni eau douce
Les grosses structures économiques
ont-elles pris conscience de leur intérêt
à privilégier cette filière ?
Il faut réaliser que l’humanité a 10000
ans de retard et très peu de maîtrise du
sujet. Nous sommes au stade artisanal
même dans les pays asiatiques. Les
algues ont une biodiversité complexe
qui nécessite un effort de recherche.
Elles sont pour l’instant difficiles à
cultiver en grande quantité. Les
investisseurs qui veulent avoir un impact écologique vertueux, l’augmentation
des consommations véganes, font que l’algue a un rôle à jouer dans leurs
chaines de valeur, je pense à Nestlé ou Unilever. L’intérêt est donc croissant mais
encore très fragmenté. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons créé
cette coalition mondiale de l’algue. Il faut tout de même souligner que dans les
yaourts, les crèmes glacées, les jus etc. nous en consommons quotidiennement.
Cependant leur potentiel réel n’est pas valorisé. Il existe des centres de
recherche, notamment à Roscoff où 80 spécialistes de l’algue travaillent
ensemble, aux Pays Bas, en Chine, au Japon. J’ai parlé à la tribune de l’ONU à New
York, le global compact, la FAO et la Banque mondiale se sont ralliés au manifeste
AAFI-AFICS BULLETIN, Vol. 83 No.1, 2024-04 29
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