Page 78 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux

sur la bouteille et les femmes, il fait bon ménage avec
Betchine qui l'emmène avec lui à Ouargla où il vient d'être
nommé chef de la 4' Région militaire. Le même Betchine
serait derrière sa nomination comme chef d'unité durant le
siège d'octobre 1988, et celle de chef d'infanterie à la
DAC (Direction des armes de combat).

      Betchine renvoyé chez lui, Kamel Abderrahmane se
tourne vers le général Tewfik, le puissant patron du ORS.
Cette alliance lui ouvre les portes d'une nouvelle promo-
tian : il sera Directeur central de la sécurité de l'année.
Un poste mythique dont il n'aurait jamais osé rêver.

L' homme est grisé par cette fulgurante ascension. À lui,

les missions à l'étranger, les femmes et l'alcool. Un de
ses proches collaborateurs, de l'époque, excédé par son

comportement, me disait: « C'est honteux. Toutes les

putes d' Alger se vantent de connaître le patron de la sécu-
rité dans son intimité tant le bonhomme se laisse aller avec
la première venue. Sa villa de fonction au Club des Pins
est un véritable bordel. » Par cette conduite indigne d'un
responsable de haut rang, il donne de lui l'image de l'arri-
viste qui a du mal à réaliser ce qui vient de lui arriver.
Ancien berger, analphabète et inculte, il se retrouve
aujourd'hui au grade de général-major au moment où des
dizaines d'officiers de niveau universitaire sont mis d'of-
fice à la retraite pour laisser le champ libre aux médiocres.

     Racene Tarer ne fait pas partie de ces médiocres, ni
des anciens sous-officiers de l'année française. Issu d'une
région, le nord Constantinois, fortement éprouvée par la
guerre de libèration, l'enfant d'El Milia a dO interrompre
ses études pour s'engager très jeune dans l'ALN. Il ne
s'imaginait jamais arriver au sommet de la hiérarchie mili-
taire.
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