Page 91 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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Ameyar, journaliste à l' hebdomadaire Algérie Actualité,
lui rétorqua : « Oui, mais vous êtes journaliste et vous
savez que, même sous la dictée, on a besoin de s'impré~
gner de l'ambiance. » Le «Doktour» répondit : «Je ne
suis pas journaliste. Je suis dentiste. )} J'intervins alors
pour l'interroger sur l'application du slogan qui était en
vogue à l'époque: « Dans ce cas, qu'est-ce que vous faites
ici? Quand est·ce qu'on appliquera la devise: l'homme
qu'il faut à la place qu' il faut?»
Ammirnour ne s'attendait pas à cette réflexion, venant
de l'officier que j'étais alors. Il bafouilla et finit par me
lancer : « Mais vous n'êtes pas concerné. Vous êtes rédac-
teur en chef d'El Djeïch, et vous avez le droit, en tant que
responsable, d'assister aux travaux du congrès.» Je lui tis
remarquer: «Avant d'être officier, je suis journaliste et à
ce titre solidaire de mes confrères. » Un accrochage verbal
m'opposa alors à cet homme que je n'avais jamais porté
dans mon cœur tant son comportement de fourbe m'ex-
cédait.
Quelques heures plus tard, il vint me voir e~ sur le
ton de la confidence, me dit :
- Mon lieutenant, tu n'aurais pas dû élever le ton
tout à l' heure devant les journalistes.
- C'est parce que toi, tu avais élevé la voix, et tu
ne voulais pas reconnaître ton erreur en empêchant les
journalistes d'assister aux travaux
- Mais j'étais obligé d'élever la voix, sinon ils
auraient dit que j'avais peur de toi parce que tu es militaire.
Ils confondent le respect et la peur. Moi j'ai toujours res-
pecté l'uniforme.
- Mais tu vois bien que je suis en jeans ;je ne porte
pas de tenue.
- Pour moi, vous êtes un militaire, et je vous dois
le respect. Vous êtes jeune et vous ignorez encore beau·