Page 94 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux
tion. Un parti mis au monde par le général Mohammed
Betchine pour se constituer une force politique ct que vien·
nent de lui confisquer les décideurs pour le confier à leur
poulain, Ahmed Ouyahia.
Mohammed Cherif Messaadia n'a jamais été popu-
laire. Et il ne semble pas en souffrir. Il a, dit-il, la carapace
dure. C'est l'islamo-baasiste numéro un du régime algé-
rien. Né en 1924 dans la région de Souk Abras, dans l'Est
algérien, il a rejoint l'ALN en 1957, à l'âge de trente-trois
ans. Il en a mis du temps à se réveiller, le «maître ès
nationalisme» ! Il a combattu au côté de Abdelaziz Boute-
flika à la frontière algéro-malienne. Jouant à merveille la
carte de l'opportunisme, il fut député et membre du comité
central du FLN sous Ben Bella. En 1965, il soutient Houari
Boumediene lors de son coup d'État. En 1979, il soutient
la candidature de Chadli contre Bouteflilea et Yahyaoui.
Vingt ans plus tard, il soutient la candidature de Boute-
flika. Comme on le constate aisément, il s'est toujours
placé derrière le candidat des militaires.
Cela s'explique par le complexe que nourrit le pre-
mier barbu des dirigeants algériens devant l'uniforme.
D'ailleurs, son fils aîné, Azeddine, s'est inscrit à l'Acadé-
mie militaire interarmes de Cherchell, d'où il est sorti
sous-lieutenant en 1983. Sera-t-il un jour général, comme
le souhaite son papa, ou a-t-il déjà été radié des effectifs
de l' ANP durant la traversée du désert que connut son
père?
En 2001, Messaadia est toujours là, et pas n'importe
où. Président du Sénat. Pour l'installer à ce poste, la
mafia n'a pas hésité à user des méthodes qui lui sont
propres. Elle a envoyé deux députés de l'Ouest, accom-
pagnés d'un homme de l'ombre, un ancien colonel de
l'ALN, obliger à coups de poing Bachir Boumaaza, le