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             recherche et les cadres critiques à travers lesquels on examine les produc-
             tions audiovisuelles africaines pourraient refléter une plus grande variété
             de traditions de pensée, depuis les perspectives afrocentriques, le cinéma
             mineur et le cinéma d'auteur jusqu'aux théoriciens occidentaux du cinéma.
             En fin de compte, des approches critiques préférées du cinéma afri-
             cain et des études médiatiques émergeront au fur et à mesure de la produc-
             tion de travaux, conférant au cinéma ses traits distinctifs ou caractéristiques.
             L'effort pour passer des marges au milieu exige que l'Afrique et la diaspora
             noire travaillent ensemble, ce qui n'a pas été le cas ces dernières années,
             puisque la participation de la diaspora noire au FESPACO a ralenti par rap-
             port à son apogée dans les années 1990 et au début des années 2000.
                     Jusqu'à ce stade du développement historique du cinéma africain,
             la plupart des publications ont été des ouvrages savants, qui ne sont pas
             souvent accessibles aux lecteurs n'ayant aucune expérience du cinéma afri-
             cain. À cet égard, les livres d'introduction destinés à un public plus large et
             les manuels de premier cycle universitaire sont essentiels à la croissance
             de la cinémathèque. Il n'existe actuellement que deux manuels sur le cinéma
             africain: le manuel d'introduction et de premier cycle African Film Studies:
             An Introduction (2018), de Boukary Sawadogo, et le manuel pour lycéens
             intitulé Teaching African Cinema : Video and Teachers Book (1998), de
             Roy Ashbury, Wendy Helsby et Maureen O'brien. Cependant, au moins
             une centaine de monographies savantes sur le cinéma africain ont été pu-
             bliées au cours des vingt dernières années.
                     En  outre, une  réforme  des programmes est nécessaire  dans  les
             écoles de cinéma du continent, où le modèle actuel de formation se concen-
             tre davantage sur les cours de production que sur les études critiques (his-
             toire, esthétique, critique). La prochaine génération de cinéastes doit être
             non seulement des techniciens, mais aussi des penseurs critiques de l'art ci-
             nématographique et de son discours. Comme  indiqué précédemment, la
             création de départements universitaires d'études africaines du cinéma et des
             médias, ainsi que l'organisation d'un plus grand nombre de panels sur le ci-
             néma africain lors de conférences sur les sciences humaines et sociales, per-
             mettraient d'accroître l'intérêt pour le  domaine  des  études africaines  du
             cinéma.
                En conclusion, la question de la marginalité ou du manque de visibilité
             des études africaines sur le cinéma en tant que domaine académique néces-
             site de repenser en profondeur les différentes manières de produire et de
             diffuser des connaissances critiques, ainsi que les lieux où cela doit se faire.
             Nous devons réimaginer les festivals fiflm en ne nous concentrant pas seu-
             lement sur les expositions traditionnelles, les conférences de presse, les dis-
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