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Pour la défense des études cinématographiques
          africaines


          Boukary Sawadogo

             omme il est de coutume lors de la célébration d'un jubilé dans l'histoire
          C  d'une organisation, la réflexion est souvent axée sur la mémoire, l'état
         des lieux et la proposition de changements ou de corrections pour améliorer
          l'organisation. Le cinquantième anniversaire du Festival Panafricain du Ci-
          néma (et de la télévision) de Ouagadougou (FESPACO), à l'occasion de sa
          vingt-sixième édition, offre un forum opportun non seulement pour célébrer
         les réalisations du festival dans la promotion du cinéma africain, mais sur-
         tout pour réfléchir au discours critique qui façonne le processus de création,
         la réception et la diffusion des médias visuels africains. Très souvent, les
         défis de financement et de distribution auxquels est confronté le cinéma
         africain ont éclipsé le débat ou l'attention longtemps attendue sur les études
         du cinéma africain. Ainsi, dans le cadre de la collection historique en trois
          volumes de Black Camera sur le FESPACO et l'histoire du cinéma africain,
          cette contribution examine brièvement le sujet des études sur le cinéma afri-
          cain maintenant que la fanfare des festivités a disparu de nos mémoires et
          que la pandémie de COVID-19 a arrêté le monde.
                 L'idée sous-jacente de cet article est d'argumenter sur la façon dont
         les médias de l'écran africain pourraient être (ré)imaginés à travers plusieurs
         initiatives telles que la promotion d'une étude du cinéma africain robuste,
         l'intégration d'études plus critiques dans la formation des conteurs audiovi-
         suels, et la diversification des débouchés pour la production et la diffusion
         de connaissances critiques sur le cinéma africain. Plus précisément, cet ar-
         ticle traite de la manière de sortir les études cinématographiques africaines
         des marges du domaine plus vaste des études cinématographiques et mé-
         diatiques au niveau mondial, et de plaider pour une expression et une pré-
         sence plus dynamiques sur le continent. Dans une certaine mesure, l'article
         s'appuie sur la conversation d'un dossier de Black Camera en 2016 sur la
         marginalisation des études médiatiques africaines au niveau mondial.
         Relations entre l'industrie cinématographique africaine
         et les études critiques
                 Les études critiques et la formation technique ne devraient pas s'ex-
         clure mutuellement, comme cela semble malheureusement être le cas depuis
         de nombreuses années sur le continent. Depuis les années 2000, la création
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