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Paulin Soumano Vieyra / Cinéma et problème des langues 447
par des millions de personnes, la technique classique généralement utilisée
dans ce processus peut être déployée. Pour le doublage des films, il faudra
continuer à mettre en place ce que l'on appelle une piste internationale. Cette
piste comprendra, comme d'habitude, la musique, le son et les effets sonores
spéciaux du film. Sur une autre piste, on trouvera les dialogues du film, qui
serviront de version de référence aux doubleurs, leur permettant de perce-
voir les intonations des acteurs et de les imiter dans la langue de doublage.
Une fois le nouveau dialogue enregistré, une copie standard peut être im-
primée, selon les conditions habituelles, pour obtenir une bande sonore op-
tique.
Si le public à atteindre parle des langues moins courantes, il sera
nécessaire d'utiliser le son magnétique pour enregistrer la nouvelle piste de
dialogue dans la langue de doublage. La reproduction de cet enregistrement
nécessitera une projection en double système . Les commentaires en autant
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de langues que nécessaire peuvent également être enregistrés à faible coût
sur une bande magnétique. Le doublage des films en langues africaines né-
cessitera des changements dans l'équipement des salles de cinéma. On peut
envisager de dédier des salles dans certains cinémas aux films doublés qui
nécessitent une projection en double système. En tout état de cause, cette
solution technique est parfaitement abordable, et elle pourrait être utilisée
efficacement en attendant que d'autres procédés soient découverts.
Mais la projection de films sur de grands écrans de télévision adap-
tables aux salles de cinéma est déjà encouragée. La télévision va acquérir
un rôle plus important dans la diffusion des films, apportant ainsi une solu-
tion au problème des langues. Le même film pourrait être projeté, sans
risque de dommage, à partir d'une seule station de diffusion et couvrir tout
un pays dans une langue, pour être ensuite repris le même jour dans une
autre langue; ou bien il pourrait être diffusé en plusieurs langues en même
temps, par des canaux sélectionnés, à l'instar de l'interprétation simultanée.
Paulin Soumanou Vieyra est le premier africain admis à l'Institut des Hautes
Etudes Cinématographiques (IDHEC, devenu La Fémis). En 1955, Vieyra
réalise le premier film important d'un africain subsaharien francophone,
Afrique sur Seine. Sa carrière multidisciplinaire de cinéaste, de producteur et
de chercheur est au cœur de l'histoire du cinéma ouest-africain.
notes :
Publié à l'origine sous le titre Paulin Vieyra, « Le cinéma et le problème des langues en Afrique », trad.
Mélissa Gélinas, JCMS : Journal of Cinema and Media Studies 58, no. 3 (2019) : 122-125.
Traduction extraite de Paulin Soumanou Vieyra, « Le film et le problème des langues en Afrique », Le
cinéma africain : Des origines à 1973, Paris, Présence Africaine, 1975, 251-268. Je tiens à remercier
Présence Africaine et Mme Suzanne Diop pour l'autorisation de traduire en anglais et de publier cet ex-