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             d'écoles de cinéma dans toute l'Afrique subsaharienne a permis de remédier
             au manque de techniciens formés localement, mais on ne peut pas dire que
             les études critiques ne s'excluent pas avec la certitude que les études cri-
             tiques du cinéma africain se sont développées au même rythme sur le conti-
             nent. Au cours des 15 dernières années, des entités gouvernementales et
             privées en Afrique ont développé plusieurs initiatives pour répondre aux
             défis structurels auxquels sont confrontés les arts de l'écran africains, no-
             tamment en matière de production et de distribution. Ces initiatives concer-
             nent la création d'écoles de cinéma pour former les techniciens locaux et la
             prochaine génération de réalisateurs de films: Imagine Institute au Burkina
             Faso, Institut Supérieur des Métiers de l'Audiovisuel (ISMA) au Bénin,
             Blue Nile Film and Television Academy en Éthiopie, Kenya Film School,
             et le programme de maîtrise en Documentaire de Création de l'Université
             Gaston Berger au Sénégal.

                     La formation de talents techniques locaux et l'expansion des circuits
             de distribution ont marqué des moments clés dans le développement des
             arts de l'écran africains, mais les écarts entre théorie et pratique, entre études
             critiques et expertise technique n'ont jamais été aussi importants. Trop sou-
             vent, le programme de ces écoles est construit autour de cours ou de mo-
             dules de production. La création et la diffusion d'études sur les médias
             cinématographiques africains devraient faire l'objet d'une plus grande at-
             tention, dans le but ultime de développer un domaine dynamique d'études
             africaines sur le cinéma et les médias.
                     En ce qui concerne la circulation des images en mouvement, des
             sociétés de médias transnationales et plusieurs festivals de cinéma, d'enver-
             gure sous-régionale et internationale ont été créés pour élargir les circuits
             de distribution du cinéma africain. Ces développements dans l'industrie ont
             fait l'objet de nombreuses recherches scientifiques. Par exemple, morade-
             wun Adejunmobi  a parlé du tournant télévisuel de la distribution du ci-
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             néma en Afrique, et Olivier barlet  utilise le terme « écrans multiples »
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             pour décrire la prolifération des points de distribution grâce aux percées
             technologiques numériques. Ordinateurs, tablettes et smartphones ont ré-
             volutionné les modes de diffusion et de consommation des contenus mé-
             diatiques. C'est dans ce contexte de révolution des technologies numériques
             que les entreprises médiatiques transnationales (telles que les chaînes Africa
             Magic de M-Net, Africable, A+, une filiale de Canal+ basée à Abidjan, et
             les nombreuses chaînes de télévision locales privées dans les pays africains)
             (re)façonnent le paysage du cinéma africain contemporain. Comme je l'ai
             souligné, l'intervention des entreprises dans la production et la distribution
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