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L ' I N N É   E T   L ' A C Q U I S



        INTRODUCTION

        A  la  fin  des  années  1990,  face  à  l’épiphénomène  d’une  poignée  de  jeunes
        décérébrés  ayant  jeté  leur  dévolu  sur  quelques  races  de  chiens  à  l’aspect  massif
        pour compenser vraisemblablement un manque de confiance en eux, le législateur
        a  ainsi  choisi  -  sous  couvert  d’une  prétendue  démarche  préventive  -  de  surréagir
        face  à  un  sentiment  de  pseudo  insécurité  et  à  la  pression  médiatique  plutôt  que
        d’être suspecté de laxisme.
        Il a ainsi mis en place la loi de 1999 sur les chiens dits « dangereux », mettant de
        facto  à  l’index  3  des  quelques  350  races  de  chiens  présentes  en  France  (soit  à
        peine 5 % de la population canine).
          Le  législateur  a  ainsi  voulu  prévenir  un  risque…sans  même  l’avoir
        préalablement évalué !
                                                  23  années  plus  tard,  force  est  de  constater  que
                                                  ce  type  de  législations  se  contentant  de  mettre  à
                                                  l’index  quelques  races  de  chiens  sous  couvert
                                                  d’une     pseudo       démarche        de    prévention       a
                                                  démontré  ses  limites  tant  en  France  qu’à
                                                  l’étranger     :   plusieurs      pays     européens       ont
                                                  d’ailleurs abandonné cette solution démagogique,
                                                  plus  de  cent  villes  des  Etats-Unis  ont  fait  de
                                                  même et la tendance s’accentue depuis quelques
                                                  années.
                                                    Non  contentes  d’être  basées  des  inepties
                                                  scientifiques,  ces  législations  sont  un  réel
                                                  non-sens  philosophique  au  regard  de  la
                                                  relation qui lie le Chien et l’Homme depuis des
                                                  milliers d’années !
        Il  est  aujourd’hui  venu  le  temps  pour  la  France  de  se  poser  les  vraies  questions
        quant  à  la  problématique  de  la  prévention  des  morsures  canines,  de  consulter  et
        d’écouter  ses  nombreux  spécialistes  de  la  relation  Homme-Chien  (vétérinaires,
        éducateurs  canins,  comportementalistes,  responsables  associatifs,  etc.)  afin  –
        d’enfin  –  mettre  en  œuvre  une  législation  efficace  et  juste,  garante  d’une
        sécurisation objective des relations entre l’Homme et son fidèle compagnon.
       QUELLE ANALYSE FACTUELLE DU
       DISPOSITIF ACTUEL PEUT-ÊTRE FAITE ?

       I) UNE ABSENCE TOTALE DE FONDEMENT
       SCIENTIFIQUE
        La     position     des      spécialistes       (scientifiques,
        éthologues,  vétérinaires  comportementalistes,  etc.)
        est unanime sur le sujet : la dangerosité potentielle
        d’un  chien  n’est  en  aucune  façon  liée  à  son
        appartenance raciale.
          «  Les  enquêtes,  les  études  menées  dans  différents  pays  du  monde  n'ont  jamais  réussi  à  démontrer  qu'une
        race était plus impliquée qu'une autre dans les accidents, et le génome canin, aujourd'hui entièrement décodé,
        n'a bien sûr pas livré le secret d'un quelconque gène de l'agressivité. Continuer de corréler le risque agressif
        à la race, c'est aussi dire que les chiens et les humains sont différents par nature, et nous ne le croyons pas.
        Sinon, il faudrait croire que certaines races humaines sont plus agressives, plus voleuses, plus fainéantes, et
        qui aujourd'hui pourrait encore soutenir cela ? »
        LE MONDE – 7 août 2008 – docteur Claude BEATA – Vétérinaire comportementaliste, membre du Collège
        européen des vétérinaires comportementalistes
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