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L ' I N N É E T L ' A C Q U I S
Si l’on suit la « logique » du législateur, un chien qui est inscrit à un livre
généalogique (donc de 2ème catégorie) est moins dangereux qu’un chien qui
n’y est pas inscrit (donc de 1ère catégorie). C’est ainsi le cas pour l’american
staffordshire terrier et le tosa. La dangerosité croissante d’un chien serait donc
liée au fait que l’on ne peut retracer sa généalogie. Il est laissé soin au lecteur
d’analyser le bien-fondé de ce « raisonnement » ;
Si, par extraordinaire, ce « raisonnement » apparaissait comme bien-fondé,
comment se fait-il alors que les chiens présentant les caractéristiques
morphologiques d’un mastiff ou d’un boerbull sans être inscrits à un livre
généalogique relèvent de la 1ère catégorie alors que les chiens desdites races
inscrits à un livre généalogique…échappent à la 2ème catégorie ?? ;
Dans le même esprit, tout chien non inscrit à un livre généalogique mais
présentant – je cite – « un corps massif et épais, une forte ossature et un cou
épais » est susceptible de relever de la catégorie des chiens dits « d’attaque ».
Par contre, s’ils sont inscrits à un livre généalogique, ils ne sont plus
concernés. Force est d’en déduire là aussi que si l’on sait attester de la
généalogie d’un chien, il n’est plus dangereux…… ;
Pire encore, dans la construction même des catégories, le législateur se
contredit finalement puisque le rottweiler relève de la 2ème catégorie, qu’il soit
ou non inscrit à un livre généalogique.
Nous sommes manifestement face à un texte écrit avec les pieds, par des
personnes totalement ignares !
Un des postulats de base de la loi sur les chiens dits « dangereux » est que la
morphologie d’un individu permet de déterminer ses particularités
comportementales et – en l’occurrence – sa dangerosité. Cette théorie est une
ineptie scientifique et est moralement très discutable.
Ce type de raisonnement a été appliqué à l’être
humain…
Sur la base de théories élaborées par des auteurs
des 18ème, 19ème et 20ème siècle (notamment
CAMBER, GALL, CORMAN) est apparue une
discipline dénommée « morphopsychologie » qui
prétend qu’il existe une relation entre les formes et
dimensions du crâne et le caractère, les capacités
intellectuelles ou encore les qualités morales d’un
individu. Selon ces théories la conformation du
crâne d’une personne permet donc de déterminer
son niveau qualitatif en matière de courage, de
ruse, de mémoire, de bonté, de vol, etc.
Bien que présentée comme scientifique, cette
doctrine (qui a entre autre tristement servi à
démontrer au 20ème siècle la prétendue
supériorité d’une race humaine par rapport à
d’autres !) a largement été invalidée par les
connaissances scientifiques actuelles.
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