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Laisser faire les chiens



                                       Extrait de Voix dans Voies – Etienne de Bodard






               A la chasse, ce sont les chiens qui commandent et vous devez respecter les
               indications qu’ils vous donnent.

               Un jour à Moulières, nous étions en défaut, un change a bondi et tout le
               monde a pensé qu’il s’agissait de notre animal de chasse. Derrière mon
               cheval sont restés dix-huit chiens, nos vieux chiens qui eux n’en voulaient
               pas. Ce n’était donc pas bon. Nous avons alors reculé en reprenant la voie
               chassée. Loin derrière, nous avons fini par retrouver notre chevreuil tapé
               contre sa voie. Relancé, hallali !


               Parfois c’est un peu plus compliqué car vous devez quand même intervenir
               et arrêter les chiens, mais si vous leur prêtez bien attention ce sont, en fait
               eux,   qui   vous   le   disent.   Il   faut   observer   vos   chiens.   Les   bons   vous
               communiquent fort bien leurs doutes et si vous les connaissez bien, vous
               savez qu’ils chassent un change. Cela parfois crève les yeux, ils semblent
               presque vous dire avec un air désespéré :


                 -   Mais que faites-vous donc ?

                 -   Il faut nous arrêter ! 0n chasse, ou plutôt pour être exact on suit les
                     jeunes … mais ce n’est pas bon du tout !


               Je me suis retrouvé bien souvent dans cette situation. Je me rappelle une
               fois Gâvre, je n’étais pas trop sûr de moi car pour être franc, arrêter une
               chasse   n’est   ni  chose   facile,   ni   anodine.  Dire  que   vous   faites   cela   sans
               hésiter, non, les conséquences en cas d’erreur sont bien trop graves. Bon,
               toujours   est-il   qu’en   voyant   mes   chiens   passer   une   ligne,   j’ai   décidé
               d’arrêter. Les chiens ne se sont pas faits trop priés. C’était plutôt bon signe.
               Avec les chiens derrière moi, je suis reparti au loin, là où j’étais vraiment sur
               d’avoir vu l’animal de chasse la dernière fois. Nous avons alors repris la voie
               chassée. Là encore, j’ai fini par relancer le chevreuil tapé dans un ruisseau.
               A la curée le soir, je ne l’ai pas dit, mais cette action et décision durant la
               chasse,   fût   pour   moi   en   tant   que   veneur   la   source   d’une   très   grande
               satisfaction.


               Vous devez absolument faire confiance aux chiens. Parfois les circonstances
               sont trompeuses. Un jour au Gâvre notre animal était sur ses fins. Quand
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