Page 7 - Echos27-Janvier2024
P. 7

Les chiens ont besoin de se sentir encadrés par les veneurs. Une fois à
               Boissière nous chassions très bien, lorsque Diégo tomba de cheval. Mauvaise
               chute et il se fît assez mal. Il fût emmené à la propriété pour y être soigné.
               Comme   il   n’allait   pas   trop   fort,   au   bout   d’un   moment   on   est   venu   me
               chercher afin que j’aille le voir. Je suis donc descendu de cheval à mon tour.
               En prenant de ses nouvelles je vis qu’il allait déjà mieux. Nous décidâmes de
               continuer à chasser mais bien sûr sans Diégo. Quand je suis reparti en forêt,
               il y avait des chasses partout. Les chevreuils sautaient de toutes parts. En
               retrouvant la chasse, je vis un beau brocard passer une ligne. Il me plut. Je
               demandai que l’on arrête toutes les chasses et que l’on me ramène les
               chiens. Ce fût fait assez rapidement. J’ai alors demandé que l’on me laisse
               seul avec les chiens. Après une sérieuse mise au point, je suis reparti avec
               eux à l’endroit où j’avais vu ce chevreuil qui me plaisait. En arrivant sur la
               voie, j’ai arrêté à nouveau tous mes chiens et leur ai dit à nouveau sur un
               ton sévère :


                 -   Et maintenant nous sommes d’accord, la comédie… c’est fini !


               Je suis rentré dans la coupe, ils ont attaqué et deux heures plus tard ce
               chevreuil était pris, sans un défaut.

               Chasser est également un état d’esprit. Le veneur est bon quand il est tout à
               son affaire : motivé, concentré mais toujours humble. Nous étions, avec
               Diego sans cesse inquiets de manquer. Quand nous montions à cheval, nous
               avions la myxomatose, nous étions malades de chasse. A la chasse du mardi
               quand nous descendions de cheval après avoir pris, nous étions déjà anxieux
               en pensant à la chasse du samedi suivant. Nous avions une peur terrible de
               ne pas prendre. Cette crainte de ne pas réussir est, selon moi, l’état d’esprit
               nécessaire pour chasser correctement. Chasser en dilettante ne mène à rien.
               Nous étions à la chasse sur le qui-vive à tout instant, à la chasse chaque
               minute compte : faire deux fois de suite son retour à l’envers, c’est à chaque
               fois quinze minutes de perdues pour le veneur mais à l’inverse pour l’animal
               c’est une demi-heure de gagnée en forlongé et une chasse qui prend une
               bien mauvaise tournure pour ses poursuivants.


               Souvent   après   avoir   manqué   les   veneurs   invoquent,   Dieu   sait   quoi,   les
               chiens,   le   temps,   la   voie…   Ce   sont   des   échappatoires   pour   tenter   de
               s’excuser des bêtises que nous veneurs, faisons. Les erreurs que l’on fait, on
               doit uniquement les ramener à soi.
               Les chasses nous préoccupaient beaucoup, et pas uniquement à cheval. Très
               tard les soirs de chasse, j’appelais souvent Diégo et lui demandait :


                 -   Dis donc à tel endroit, tu y étais, je t’ai vu. Quand les chiens sont
                     passés devant toi, est ce que untel ou untel étaient repassés en tête ?
   2   3   4   5   6   7   8   9   10   11   12