Page 8 - Echos27-Janvier2024
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Si oui, c’était donc encore bon, sinon nous avons dû faire change juste
avant.
Je crois que l’on peut dire qu’avec Diégo nous étions devenus des
professionnels et prendre était notre obsession.
Enfin pour bien chasser et prendre, le veneur doit autant que possible
monter à cheval en pleine forme ! La fatigue est une redoutable ennemie.
Cela parait simple et presque évident mais finalement bien souvent négligé
par le veneur. La vénerie est exigeante sur le plan physique. Une chasse de
chevreuil bien mené, sans défaut, dure deux heures mais est très rapide. On
peut avoir les veilles de chasse, par son métier, des journées très dures.
Rien de plus normal, mais si tel est le cas, je l’ai constaté, on chasse moins
bien le lendemain en forêt. Parfois après avoir manqué, en refaisant la
chasse, je me rendais compte que si j’avais été un peu moins las, j’aurais
peut-être eu le courage de faire tel retour en prenant un peu plus large, ou
d’aller requêter à cet autre endroit, assez éloigné de là où nous étions, et
que peut–être, en procédant de la sorte nous aurions relancé et pris.
Le rôle du veneur qui conduit la chasse est important mais parfois ingrat.
Jacques Perreau de Launay Master à Champchevrier me disait que les soirs
de chasses victorieuses, il entendait ses boutons qui racontaient leur
chasse : moi je le vois passer ici, puis je le retrouve hardé à tel endroit, mais
peu venaient lui parler. Par contre les soirs de défaite, il était parfois harcelé
de questions : pourquoi n’as-tu pas fait cela, tu aurais peut-être dû faire
cela, j’étais à tel endroit, je vois notre animal il fait çà et encore cela … En
matière de vénerie la prise est souvent collective, l’échec toujours individuel.
Extrait de Voies dans Voies – Etienne de Bodard