Page 6 - Echos27-Janvier2024
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tout d’un coup les récris cessèrent brutalement. Je pensai : « C’est pris ! »
               Mais non, car je retrouvai mes chiens qui chassaient mais en silence. Bizarre
               quand même ! Lorsque j’aperçus sur un talus un pied de chevreuil, dans un
               pied de cerf. C’était plus clair, le chevreuil de chasse s’accompagnait de
               grands animaux et la meute gênée par leur présence avait cessé de crier.
               Nous avons maintenu tout en laissant faire. Les chiens en refaisaient quand
               même un peu jusqu’à ce qu’ils arrivent à l’endroit où le chevreuil s’était
               déhardé, là toute la meute se récria. Le chevreuil fut pris peu de temps
               après. Sans ce pied de cerf salvateur, ce silence aurait pu nous faire penser
               à un change et nous inciter à arrêter la meute … ! Ce qui aurait été une
               erreur fatale !


               Il peut aussi arriver aussi qu’en  cours de chasse, les chiens  fassent un
               change vraiment évident, comme passer d’une chèvre à un brocard. Si je me
               rendais compte de leur erreur, je leur disais à peine plus fort que je vous
               parle :


                 -   Attention mes petits gars … Ce n’est pas bon ça, il faut me laisser cela !


               S’ils ne s’arrêtaient pas, il m’arrivait parfois de les laisser faire, parce qu’ils
               semblaient vouloir plus cet animal que le premier qu’ils avaient jusqu’alors
               chassé. Je ne m’y opposais pas, mais les prévenais quand même :


                 -   Bon, … on continue mais c’est vous qui l’aurez voulu ainsi.


               Ce qu’il était intéressant d’observer était que malgré ce change mais parce
               qu’ils avaient choisi leur animal, ils le prenaient quand même.


               Et le rôle du veneur dans tout cela me direz-vous ? On dit qu’il y a des bons
               veneurs et des mauvais veneurs, des bons piqueux et des mauvais piqueux.
               Tout cela est vrai et le rôle de l’homme est important. Tout en réalité dépend
               du degré où le veneur est rendu avec son équipage. Je m’explique : si vous
               commencez, que vos chiens ne sont pas de change et que rien n’est calé, il
               ne faut pas faire de cadeau à votre meute et être très interventionniste avec
               elle. Le veneur doit éduquer. A l’inverse, si votre équipage est parfaitement
               en curée, il est souhaitable de laisser beaucoup plus d’autonomie à votre
               meute   car   après   tout   c’est   elle   qui   chasse   et   pas   vous,   ceci   est
               particulièrement vrai au chevreuil, car ces animaux se font chasser sans axe
               particulier.  Contrairement   au   cerf   qui   a   tendance   à   suivre   des   parcours
               établis ou suivre une direction : l’étang par exemple. Au chevreuil le veneur
               a peu de repères en défaut il doit donc faire confiance à ses chiens. Le rôle
               du veneur est de s’adapter au territoire : selon qu’il y a peu ou beaucoup
               d’animaux, son action sera modeste ou plus significative.
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