Page 4 - Journal Le Nouveau Monde 2020
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Notre capacité d’attention devient aussi une denrée
rare pour laquelle les médias en tout genre se disputent :
alertes, notifications, scoops, publicités, contenus
exclusifs, opportunités à saisir, occasion à ne pas rater, tout
devient prétexte pour capturer votre regard et,
insidieusement, vous vendre de la publicité, voir de
la fausse information… avec à bien souvent l’intention de vous manipuler pour défendre les
intérêts des puissants.
En réalité, comme cela est bien exprimé dans cette émission d’Anne Cécile Bras sur RFI, cette
crise agit comme un excellent révélateur d’un système en crise. Avec ici l’économie réelle,
non financière, qui est largement affectée. Les causes et conséquences du confinement
interrogent les excès des politiques menées jusqu’à maintenant à tout niveaux, pour
privilégier le privé au public, pour remettre en cause un système économique qui, dans la
seule fois du profit et des économies à réaliser de toute part, a depuis longtemps perdu le
sens de l’essentiel, de l’intérêt général et du bien commun. Dans une économie où tout
devient jetable (y compris l’humain), le vide de sens participe grandement au trop plein
d’injustices, de colères, de manifestations, d’alertes, de complots, de haine et de défiances
en tout genre…
Passage à vide
La vie confinée nous met face à cette vulnérabilité, à ces fragilités et à ces facilités qui sont
les nôtres. Seuls ou à plusieurs, la vie (et le Covid) nous renvoient à l’intérieur, à nos
intérieurs ; nos agendas, pour beaucoup, se sont vidés, au risque à se remplir de nouveau
pour faire le plein de petites choses. Cette nature qui a horreur du vide interroge ici le trop
plein de nos sociétés, de notre rapport au temps, de notre incapacité généralisée à savourer,
observer, respirer… « If you cannot go outside, go inside » (« si tu ne peux aller dehors, vas
dedans ») disent les anglo-saxons : tant que possible donc, prenons soin de nos intérieurs,
de nos maisons comme de nos raisons d’être; accueillons la peur, la colère et le doute,
faisons le ménage dans nos habitats et nos esprits, rangeons, méditons sur le sens de ce
qu’il nous est donné de vivre afin de mieux envisager de futures manières de vivre ensemble.
L’essentiel nous invite aujourd’hui à la table rase des intentions, il consiste sans doute à se
concentrer sur ce qui compte, vraiment, à redéfinir d’autres
indicateurs de richesse (autre que le PIB et la croissance,
comme certains le plaident depuis longtemps), à préserver le
lien social et la solidarité, à soigner notre environnement et
comprendre que la planète et ses ressources sont un peu
comme votre logement et les provisions en terme de
confinement. S’il n’est plus possible de faire du réassort avant
une certaine date, cela rime avec le jour du dépassement qui,
chaque année, marque la date à partir de laquelle toutes les
ressources renouvelables de la planète sont épuisées (en 2019, c’était le 29 juillet, une date