Page 24 - Une vie, ma vie, mon parcours
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Garder les chèvres et les moutons en Italie



               Ma sœur est née en 1949. Cette année-là, pour profiter de
               l'électricité  et  remplacer  l’utilisation  des  lampes  à  huile,
               chaque famille devait payer l'installation des poteaux et des
               lignes. Peu de maisons avaient été construites en dehors du
               village. La nôtre était la plus éloignée, à plus de 150 m de
               l'avant-dernière.  Le  coût  direct  pour  mes  parents  était
               significatif, mais ils ont pu trouver les moyens pour couvrir
               cette dépense.

               Mon  père  était  un  homme  à  tout  faire.  Il  travaillait  à  la
               "journée"  dans  les  champs  pour  faucher  les  blés  lors  des
               moissons ou sur la route principale pour casser des cailloux.
               A la demande, il grimpait sur les hautes branches des grands
               chênes pour gauler les glands qui nourrissaient les cochons.
               Il m'a raconté qu'il y passait parfois plusieurs heures pour,
               in fine, recevoir une bouteille d'huile à laquelle il manquait
               systématiquement un ou deux centimètres pour arriver au
               goulot. Il aimait se rappeler qu'il était l'un des rares de San
               Giovanni  Lipioni  à  pouvoir  dire  qu'il  avait  mangé  dans

               toutes les maisons du village, car tout le monde le sollicitait.
                  La  vie  n'était  pas  facile  à  cette  époque.  La  moisson  se
               faisait  fin  juillet  début  août,  la  période  la  plus  chaude  de
               l'année. Dans cette région d'Italie, il commence à faire de
               belles  journées ensoleillées  en  mars-avril et  cela,  jusqu'en
               octobre-novembre. Les mois les plus chauds sont juillet-août
               avec  des  températures  au-delà  des  30  °C  et  pouvant
               atteindre  35  à  36 °C.  Malgré  ces  conditions,  les  gens
               travaillaient  pratiquement  du  lever  au  coucher  du  soleil.
               Dans  les  campagnes  autour  du  village,  la  journée  était
               organisée en fonction du tintement des cloches de l'église qui
               sonnaient les heures. Les hommes, tous en ligne, coupaient
               les blés à la faucille et les femmes les attachaient en gerbes.


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