Page 29 - Une vie, ma vie, mon parcours
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Garder les chèvres et les moutons en Italie
j'apercevais la maison située devant moi à flanc de colline
au-dessus de la fontaine. Là, je m'arrêtais - les jambes un
peu écartées - et j'appelais à tue-tête ma mère pour qu'elle
vienne me chercher. Comme vous l'aurez compris, la
situation était délicate et je ne prétendais plus bouger ne
serait-ce que d'un pas. Si quelqu'un m'entendant crier
voulait m'aider, c'était un refus catégorique, car j'aurais dû
expliquer le besoin pressant qui m'était arrivé ; chose
impossible à imaginer même à 4 ans. Ma mère, qui avait
ses journées bien occupées, devait tout arrêter et venir me
chercher.
Cela reste l'un des grands moments de ma vie.
A 5 ans, ma mère me confiait deux missions.
La première consistait à mener l'âne s'abreuver à la fontaine
qui se trouvait à quelque 300 m de la maison. Le chemin
était en forte pente. Elle me hissait sur son dos, sans selle,
tout près de sa crinière à laquelle je m'agrippais fortement
pour ne pas tomber. L'âne connaissait le chemin. Lorsque
ma mère lui donnait une tape sur le train arrière, il démarrait
et allait tout seul jusqu'à la fontaine. Je ne devais rien faire.
Par contre, près de l'abreuvoir, il se plaçait devant et
attendait. Pour qu'il commence à boire, je devais siffloter.
Tant que l'âne entendait mes sifflotements, il buvait. Dès que
j'arrêtais, il s’arrêtait aussi. Ce petit jeu pouvait durer de
longues minutes. Lorsqu'il avait bu jusqu'à plus soif, il
prenait le chemin du retour. Lors d’une de ces sorties, en
remontant, à quelques dizaines de mètres de la maison, l'âne
ayant vu une plante bien verte s'est penché pour la manger.
Evidemment, j'ai glissé le long de son cou et me suis cogné
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