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Pierre-Raymond de Nogarède son seigneur lui adresse ce soir-
là un regard de fierté
-Tu es digne de ton nom.
Romain, je le dirais à ton père.
La troupe avance malgré la fatigue.
Atteindre Jérusalem au clair de lune, les dames s’agenouillent
pour prier, entourant le berceau du petit Guillaume qui dort
paisiblement, comme si la guerre et la longue marche n’existe
pas.
Bertrand n’était plus le petit garçon que son père avait porté
sur ses épaules au départ de la Nogarède.
A force de suivre les hommes, de courir dans les campements,
de porter des outres d’eaux ou de ramasser du bois, ses bras
s’étaient endurcis, sa blessure ancienne n’était plus qu’un
souvenir.
On le voyait souvent marcher au côté de son père tenant une
petite lance que le sergent Amiel lui avait taillée, les soldats
souriaient à son passage.
Voilà un vrai petit croisé !
Disait–on ! En riant, dans dix ans, il ne manquera pas
d’envoyer les Turcs en enfer !
Moi aussi je veux combattre pour Jérusalem.
Garcin le forgeron malgré sa rudesse, posait souvent sa main
sur son épaule, il voyait bien que son fils devenait un homme
trop vite, happé par la guerre.
RENA - Les Compagnons Forgerons
A ses coté, Angèle n’était pas moins remarquable, douce, mais
volontaire, c’étant attachée aux dames et aux malades.
Chante les cantiques d’une voix claire et souvent le soir,
S’assoie auprès des blessés pour les apaiser, prie.
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