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A ce moment précis ils n’étaient plus les fils de forgeron
ou compagnon croisé. Ils étaient des hommes en marche vers
leurs destins.
A l’aube du 24 avril de l’année de grâce 1097, les premières
nefs furent mises à l’eau.
Le vent s’est levé sur la mer de Tamara. La nef chargée de
femmes, d’enfants de serviteur et de plusieurs bêtes. Fondent
les flots verse l’Asie.
Les rames battaient l’eau avec régularité, tandis que les croisés
massés sur les autres embarcations suivent à distance.
Dans la nef des dames le silence était lourd, Eloïse de
Nogarède, Elvire de Toulouse, Carole, Constance, les jumelles
Marie, Alezais, Angèle, le petit Bertrand se sont mis à l’abris
de la bise.
Certaines priaient, d’autres regardaient l’horizon. Le passage
vers les terres païennes n’était plus une idée lointaine, c’était
sous leurs yeux.
Dans le tangage à l’avant la charrette hôpital avait été
désassembler, ses pièces rangées et attachées solidement.
Le cheval de tête un grand bai nerveux avait été embarqué en
dernier. Maheu le charretier de la Nogarède, veillait sur lui
comme d’habitude.
La houle devient plus forte, la nef prît une vague, un bruit sec
de chaîne et un claquement roque retentie. Attention au cheval
cri un marin, le bai affolé par le roulis et les cris, se cabre. Les
planches glissent sous ses sabots Ferrés. Maheu tente de
calmer l’animal, tendant la main sans peur, mais la nef se RENA - Les Compagnons Forgerons
penche brutalement, le cheval prit peur, pivote, dérape et
percute Maheu de plein fouet. Le choc fut effroyable, le
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