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Carole voulut parler mais rien ne sorti, elle serra sa fille contre
elle.
Un peu plus loin dans le tumulte du camp qui se prépare à
l’embarquement, Étienne aidant les charretiers à fixer les
roues des chariots sur les ponts de bois.
Il lève tête et vit Alezaris l’observer, elle détourne vite les
yeux mais un sourire lui échappa.
Etienne sourit aussi, pas un mot, mais dans le silence Alezaris
comprit que c’était une promesse.
Sous la grande tente dressée près des dames de Toulouse et de
Nogarède. Elvire, Eloïse, Carole prenaient un moment à
l’écart, le thé aux herbes byzantine fumait encore dans leurs
coupes d’argile. Les filles grandissent dans la tourmente, elles
deviennent des femmes.
- Oui, murmura Carole les larmes aux yeux, bientôt
pèlerines de la douleur
- Ou de la gloire dit Elvire avec une douceur forte, que
dieu veille sur elle, il nous a déjà portées jusqu’ici.
Soudain un messager byzantin fendit le rideau de la tente,
mes dames les nefs sont prêtes. Le Comte de Toulouse
embarque dans la dernière, vous êtes appelées.
Elles se lèvent toute trois, rassemblant leurs capes, les
filles, leurs affaires et gardent leurs silences.
La mer qui les sépare, désormais de la terre sainte est immense
et nul ne savait ce qu’il avait vraiment de l’autre côté.
Autour d’un feu romain, Raymond, Etienne partageait un
quignon de pain rassis et un peu de lard. Ce silence particulier RENA - Les Compagnons Forgerons
que les hommes ressentent lorsque qu’il voit des choses qui ne
peuvent pas encore nommer.
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