Page 28 - Livre "Calaveras" de Patrick Bard
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orange vif qui sont aux mexicains ce que  Pour avoir longuement documenté la   Me quedé pensando mucho en la relación  ¡Muera la inmortalidad! Tal utopía no es
 nos chrysanthèmes sont à la Toussaint,  vague de féminicides qui avait frappé   entre la muerte y el sabor de las cosas.  sino la muerte absoluta. El fin de todo.
 en bien plus joyeux. L’orange est en effet  la ville de Ciudad Juarez et la violence   Sobre  todo  porque  Sergio  me  habló  Así es cómo y por qué, en México, los

 la couleur de la mort au Mexique, comme  des guerres narcotrafiquantes sur la   muchos de la relación que los suyos  muertos, convidados invisibles, amateurs
 elle est celle d’Halloween aux États-Unis  frontière, nous mesurions aisément le   mantienen con la Flaca, de costillas  de sabores y perfumes, acuden cada otoño,
 à cause des citrouilles. Nul doute, toute  poids des mots « fragilité » et « fugacité »   evidentes y huesos blanqueados, cuya  cuando oscurece, al banquete al que los
 considération mercantile mise à part, que  dans la bouche des mexicains.  presencia recuerda la caducidad de todo,  convidan los vivos.

 ce voisinage chromatique ait favorisé  Indéniablement, ils étaient bien placés   y que cada instante es precioso por frágil  En  casa  de  los  Méndez,  la  misma  escena
 l’implantation des deux fêtes dans les deux  pour juger de la valeur de l’instant, de son   y fugaz.  silenciosa ocurriría la noche siguiente,
 pays à la fois, nonobstant la longueur et la  caractère singulier, et nous comprenions   Amor, odio, trabajo, padres, hijos, prójimo,  esta vez para los adultos, antes de que
 hauteur du mur qui les sépare désormais.  assez combien cette proximité avec la   todo fenecerá, lo perderemos todo,  el 2 de noviembre concluyera con las

 C’est pourtant vrai que le jour suivant,  mort tenait lieu de « vanité » permanente   perderemos a todos, antes de perdernos  celebraciones.
 le festin de mole que nous fîmes avec les  incitant au Carpe diem.   nosotros mismos.  Yo no sabía entonces que son  numerosos los
 Mendez avait perdu goût et saveur, comme  Définitivement, j’adhère à cette idée que   Habíamos investigado largo y tendido la  días en que los finados acuden al banquete
 si les morts avaient prélevé leur part du  le goût de ce qui périra est plus fort, parce   ola de feminicidios en Ciudad Juárez y la  de los altares. No sabía que, a mediados de
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 festin.  qu’il est celui d’un moment unique, qui ne   violencia de las guerras de los carteles  la última semana de octubre, acuden los
 Je méditais longtemps sur cette question du  reviendra pas, parce qu’il est le goût même   en la frontera, por lo cual entendíamos  que se han extraviado, los que han muerto
 rapport à la mort et de la saveur des choses.  de la vie.  perfectamente lo que significan las  en camino, en un accidente, en la carretera,
 Essentiellement parce que Sergio m’avait  Sans la mort, que serait la vie  ? Que   palabras “fragilidad”  y “fugacidad”  para  seguidos por los ahorcados, los que se

 beaucoup  parlé  de  la  relation  spécifique  l’immortalité crève ! Son utopie est la mort   los mexicanos.  suicidaron, y luego los niños del  limbo, los
 des siens avec la  Flaca, la maigrichonne  incarnée. La fin de toute chose.   ¿Quién mejor que ellos para percibir el  abortados, mortinatos sin bautizar, que
 aux côtes saillantes, aux os blanchis dont  Voilà  bien  comment  et  pourquoi,  au   valor  de  un  momento,  su  singularidad?  preceden a los niños bautizados en la larga
 la présence rappelle l’impermanence de  Mexique, les morts, convives invisibles   Entendíamos que su cercanía con la  procesión de los desaparecidos, los que

 toute chose, une impermanence qui rend  et gourmands de saveurs et d’odeurs, se   muerte es una permanente  vanitas,  una  recibieron la extremaunción, delante de
 l’instant d’autant plus précieux qu’on en  rendent chaque année à l’automne, quand   incitación al carpe diem.  las almas del purgatorio, seguidas por toda
 connaît la fragilité, la fugacité.   tout s’éteint, au banquet auquel les vivants   Sin lugar a duda, coincido con que el sabor  la legión de los muertos.
 Amour, haine, travail, parents, enfants,  les invitent.  de lo perecedero es más fuerte, porque es  En aquel entonces, a principios del nuevo

 être aimés, tout périra et nous perdrons  Chez les Mendez, la même scène silencieuse   el de lo único, lo que no volverá, el sabor  milenio, un altar era un asunto de familia.
 tout et tous, avant de nous perdre nous- se reproduirait la nuit suivante, pour les   de la vida misma.  A lo más, se colocaba uno en los edificios

 mêmes.  adultes, cette fois, avant que le 2 novembre   ¿Qué sería de la vida sin la muerte?  públicos, los museos o las casas ilustres.
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