Page 123 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE BIS
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LE SÉJOUR À CERNOBBIO
Mon séjour en qualité d'invitée se passait de façon plutôt
agréable au Lac de Côme. Parfois avec Luigi nous nous rendions à
Milan ou en Suisse chez des amis ou en soirée en discothèque. Je
commençais à comprendre l'Italien et à m'exprimer un peu dans
cette langue.
Luigi se rendait chaque matin dans la région pour raison
professionnelle. Je savais qu'il était styliste, mais sans plus de détail à
ce sujet. Je finis par en discuter et c'est ainsi que j'appris qu'il réalisait
des dessins textiles pour les soyeux de la région. Il me fit découvrir
quelques unes de ces réalisations que j'appréciais. Moi je restais à la
maison pour aider Antonietta, écouter de la musique classique, faire
du tricot prés de la cheminée d'autant plus que l'hiver approchait, un
peu de lecture, ou encore admirer les livres artistiques que Luigi
m'avait fait découvrir dont celui consacré aux magnifiques dessins
du grand artiste Erté, mon préféré.
Cette situation en qualité d'invitée, me comblait, mais les
copieux repas quotidiens, n'arrangeaient pas ma situation de
privilégiée. Alors parfois je proposais à Antonietta d'aller faire les
courses. Elle me laissait sortir uniquement pour acheter le pain ou les
fruits chez les commerçants du village, cela m'amusait mais restait
néanmoins limité à mon goût. Antonietta m'expliqua que j'étais en
situation irrégulière chez eux et que cela risquait de faire jaser
facilement dans le village, les statuts de l'union européenne
n'existaient pas encore. J'étais donc condamnée à vivre recluse, en
situation irrégulière. Et pour ne pas sombrer dans l'ennui ou la
déprime, je décidais moi aussi de réaliser des dessins de tissus, cela
m'aida à tromper l'ennui, mais dans quel but et pour qui ?
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