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L’AVENUE MONTAIGNE





                     Mon arrivée avenue Montaigne chez un grand couturier se fit
              par l'intermédiaire d'un ami. Il était lui aussi dans le milieu du
              spectacle, grand ami de Jean-Marie Rivière de l'Alcazar et Jean-Michel
              Rouzière, directeur du Théâtre du Palais-Royal, où il interprétait

              parfois la doublure d’un rôle dans cette célèbre pièce à succès, "La
              Cage aux Folles".


                       Il était d’origine yougoslave et s'appelait Branimir Popovic mais

              Branco pour les intimes, il connaissait beaucoup de monde. Je garde
              un merveilleux souvenir de cet ami disparu trop tôt hélas, je le
              considère comme un élément indissociable à mon ascension

              professionnelle et parcours de jeunesse. Branco n'avait pas joui d’une
              enfance très heureuse en Yougoslavie, à l'époque de Tito, il n’avait
              pas connu son père, et m’avait raconté l’accouchement de sa mère

              dans un jardin public de Belgrade. Je représentais pour lui la petite
              sœur qu'il n'avait pas eue. Il avait ce besoin indispensable de se
              recomposer une famille qu’il n’eut finalement pas le temps

              d’apprécier dans cette étape de sa vie bien trop courte pour lui, et
              cette enfance volée puis disparue.


                     Un jour il m'annonça que Guy Laroche recherchait une jeune

              styliste et assistante pour compléter l'équipe de prêt-à-porter
              nouvellement créée, mais l'information était vague.


                     Suite au rendez-vous que j’avais obtenu, j’étais plutôt
              impressionnée de me présenter chez Guy Laroche, au 29 de l’avenue

              Montaigne. La maison de couture se situait juste entre le célèbre  «
              Plazza Athénée » et le bijoutier Harry Winston. J'avais soigné ma
              tenue, comme toujours qui se composait d’un paletot de ratine jaune

              banane style année 40, déniché aux Puces de Londres, sur une grande
              jupe de crêpe marron que j’avais réalisée, un chemisier ivoire
              vintage. Mes cheveux coiffés à la Garbo étaient recouverts d'un

              chapeau marron, assorti à la jupe.





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