Page 154 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE BIS
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L’AVENUE MONTAIGNE
Mon arrivée avenue Montaigne chez un grand couturier se fit
par l'intermédiaire d'un ami. Il était lui aussi dans le milieu du
spectacle, grand ami de Jean-Marie Rivière de l'Alcazar et Jean-Michel
Rouzière, directeur du Théâtre du Palais-Royal, où il interprétait
parfois la doublure d’un rôle dans cette célèbre pièce à succès, "La
Cage aux Folles".
Il était d’origine yougoslave et s'appelait Branimir Popovic mais
Branco pour les intimes, il connaissait beaucoup de monde. Je garde
un merveilleux souvenir de cet ami disparu trop tôt hélas, je le
considère comme un élément indissociable à mon ascension
professionnelle et parcours de jeunesse. Branco n'avait pas joui d’une
enfance très heureuse en Yougoslavie, à l'époque de Tito, il n’avait
pas connu son père, et m’avait raconté l’accouchement de sa mère
dans un jardin public de Belgrade. Je représentais pour lui la petite
sœur qu'il n'avait pas eue. Il avait ce besoin indispensable de se
recomposer une famille qu’il n’eut finalement pas le temps
d’apprécier dans cette étape de sa vie bien trop courte pour lui, et
cette enfance volée puis disparue.
Un jour il m'annonça que Guy Laroche recherchait une jeune
styliste et assistante pour compléter l'équipe de prêt-à-porter
nouvellement créée, mais l'information était vague.
Suite au rendez-vous que j’avais obtenu, j’étais plutôt
impressionnée de me présenter chez Guy Laroche, au 29 de l’avenue
Montaigne. La maison de couture se situait juste entre le célèbre «
Plazza Athénée » et le bijoutier Harry Winston. J'avais soigné ma
tenue, comme toujours qui se composait d’un paletot de ratine jaune
banane style année 40, déniché aux Puces de Londres, sur une grande
jupe de crêpe marron que j’avais réalisée, un chemisier ivoire
vintage. Mes cheveux coiffés à la Garbo étaient recouverts d'un
chapeau marron, assorti à la jupe.
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