Page 137 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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AU REVOIR LOUIS FÉRAUD






                     De jeune et novice provinciale que j'étais, j’avais enfin réussi à me faire
              une place dans ce monde très fermé de la haute-couture parisienne. Le
              directeur artistique de la maison, Per Spook m'apportait beaucoup d'attention
              et nous sortions fréquemment ensemble dans les endroits les plus chics,
              branchés ou insolites, ce qui devait probablement provoquer aux yeux de
              l'équipe du studio de Louis Féraud, une certaine animosité à mon égard.


                     Un jour Per Spook me fit une surprise incroyable, puisqu'il avait organisé
              un dîner pour me présenter, enfin, le célèbre créateur Erté qu’il connaissait
              parfaitement, et il nous emmena dans un restaurant très réputé, fréquenté par
              Valéry Giscard d’Estaing, chef de l'État de l'époque, j’étais très émue et avions
              terminé la soirée à Boulogne, au domicile du célèbre créateur, et buvions du
              champagne dans des coupes en argent qu'il avait dessinées autrefois pour
              Tifany. Cette soirée resta inoubliable, je signais mon nom sur le « livre d'or »,
              qui était en fait l’un des murs du salon. Et voila que mon nom se retrouvait
              entre Roland Petit, Zizi Jeanmaire et l'autre Régine chanteuse et propriétaire de
              clubs discothèques parisiens. Il m'offrit un œuf de Pâques. Il avait apprécié mon
              style qu’il admirait et m’en fit part, ce qui me flatta sincèrement....


                     Parfois, Per Spook réalisait des photos très artistiques, ou peignait et je
              lui servais alors de modèle. Il me présentait à des amis et je découvrais de plus
              en plus ce monde qui me fascinait.


                     Une série de dessins de tissus que j'avais réalisés au studio, sur un thème
              de base de chevrons, dans différentes versions de noirs sur fond blanc avec
              touches de couleurs, se retrouvaient dans la dernière collection de haute-
              couture, mais légèrement modifiés, ce fut une surprise qui me rendit très fière.
              J'étais devenue inconsciemment, sa muse inspiratrice, ce que plusieurs
              personnes de l’entourage de Per Spook me qualifiaient.


                     J'avais également participé à la collection très en retard et j'aidais
              notamment à coudre les fourrures bien que novice dans ce domaine, même si je
              ne l'étais pas en matière de couture, cela me rendait très fière, et très appréciée
              de l'équipe technique.







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