Page 138 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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Louis Féraud apportait beaucoup plus d'attention à son équipe de
personnel nordique et une totale indifférence à la brune aux cheveux longs que
j’étais. J'en conclu que mon look stylé hors normes devait lui déplaire. De plus
physiquement j'étais l'opposé des têtes blondes qui composaient son équipe. Le
directeur commercial m'avait d’ailleurs questionné sur mes origines qu’il
imaginait italiennes, avec mes grands cheveux noirs. En y réfléchissant je
pensais finalement que toutes ces sorties et familiarités avec le directeur
artistique de la maison ne devaient pas être au goût du couturier.
En effet, un jour le couturier annonça malgré mes compétences, qu'une
secrétaire lui serait plus utile qu'une styliste pour compléter son équipe, et me
demanda de faire un choix. Je me retrouvais devant un dilemme qui se fit sans
hésitation, au grand désarroi de Per Spook et du vendeur responsable de la
boutique, je quittais définitivement La maison Louis Féraud....
D’autres aventures professionnelles se profilaient déjà à l’horizon,
toutefois il me faut revenir sur ce passage chez Louis Féraud quitté sans
remord, malgré sa vue très enviable sur le Palais de la Présidence de la
République situé juste en face où je retournai, après quelques décennies, non
pas chez Louis Féraud, mais bien en face, au numéro 55, le Palais de l’Elysée.
C'était arrivé vingt ans après mon passage chez le couturier, je venais
remercier la fidèle secrétaire du Président François Miterrand, Madame
Paulette Decraene qui m'y avait gentiment invitée.
À l'écoute de toutes doléances et problèmes sérieux, elle venait de me
rendre un énorme service administratif concernant le suivi d'un dossier très
complexe dont la procédure un peu longue était restée en souffrance pendant
quelques années, J'attendais vainement une réponse qu'elle soit positive ou
négative, et après de longues recherches et beaucoup de patience, elle m'avait
envoyé un petit mot le 1er Avril, précisant que ce n'était pas un « poisson
d’Avril », mais annonçait une réponse positive à mes démarches, le dossier tant
attendu, était enfin retrouvé en attente sous un tas d'autres affaires non
traitées, mais cela est une autre histoire...
Ma fille adolescente et directement concernée par cette affaire
m'accompagnait. Nous avions franchi la petite porte située à gauche du grand
portail de l’entrée officielle. Un concierge nous reçut, je lui laissais ma carte
d'identité, je m'étais apprêtée un peu comme si je me rendais à un défilé de
haute-couture.
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