Page 135 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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UN SINGE EN HIVER






                     Nous approchions de la fin de l'hiver, il faisait encore froid, nous étions
              entre deux collections de haute-couture, c’était une période sans stress.

                     Mes voisins jamaïcains, Valérie et Tony, avaient terminé leur contrat aux
              Folies Pigalle et souhaitaient présenter leur spectacle dans un autre club. C'est
              ainsi qu'ils décidèrent de se rendre pour quelques jours à Londres, très en
              vogue à cette époque. Or, ils possédaient un petit singe, un ouistiti,  et ne
              pouvaient l’emmener, celui-ci risquait d'être mis en quarantaine, ce qui
              n'arrangeait pas le couple d’artistes désireux de faire un bref aller et retour
              dans la capitale britannique.


                     Valérie suggéra qu’il serait judicieux de le cacher dans la doublure de son
              manteau de fourrure, pour l'emmener avec elle sur le vol Paris-Londres, après
              lui avoir administré une dose de somnifère. Je lui expliquais que l'idée était
              mauvaise, ne sachant pas doser le somnifère, une trop forte dose risquait de
              tuer le petit animal, et une dose trop légère pouvait le réveiller dans l'avion et
              attirer les soupçons du personnel navigant donc de la douane et finirait en
              quarantaine. La seule solution qui s'imposait était de le laisser à Paris, sous ma
              garde ou celle de Gérald, pendant les trois jours d'absence de ses maîtres.

                     Gérald se couchait tard après le spectacle, il était donc préférable de
              laisser l'animal dans l'appartement de ses maitres absents, tout en observant
              une surveillance régulière. C'est ainsi qu'après avoir quitté le studio chez Louis
              Féraud, je lui rendis visite. Quelle catastrophe, l'appartement de ses maîtres
              était sens dessus-dessous, dans un état lamentable. J'en conclus que le pauvre
              animal ne pouvait pas supporter la solitude. Je le pris donc sous ma garde, dans
              notre appartement où l'animal resta très calme.


                     Le lendemain matin, je me rendis sur mon lieu de travail, et comme
              j'avais pris certaines habitudes de familiarité dans la maison de couture, je
              décidais d'emmener le petit singe avec moi !







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