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LE POISSON AUX HERBES






                    C’était une époque, où nous sortions souvent en bande, plutôt éclectique,
              sans jamais tenir compte de nos différences sociales ou culturelles, de
              nationalité ou orientation sexuelle. C’était une époque bénie. Notre seul point
              commun, la bonne entente générale, la soif de vivre, et de s’amuser et danser.
              Parmi ce groupe d’amis tous très différents, il y avait Yves-Rémi qui avait ce
              super job au Sénat. Lorsqu’il prenait ses fonctions, le dimanche, je le rejoignais,
              apportant quelques pâtisseries pour profiter d’un agréable goûter dans ce
              magnifique lieu historique, qui fut la demeure de Marie de Médicis, épouse
              d’Henri IV, et nous avions le privilège d’admirer ce lieu historique et le visiter

              en toute tranquillité.

                   Un jour une personne de mon entourage m’informa de ce que Yves Rémi,
              avait quelques méfiances quant à mes fréquentations, sachant que Massoud
              était Afghan (comme le fameux Commandant, le Lion du Penshir) et que Julio
              Escobar était d’origine colombienne (comme Pablo le trafiquant de cocaïne).
              Cette réaction de la part d’Yves-Rémi, je la trouvais ridicule par le fait de faire
              amalgame en ramenant tout aux substances illicites d’origine afghane ou
              colombienne. Mes amis en question n’étaient que des homonymes par rapport
              à l’actualité qui découlait de leurs nom et prénom.

                   Déçue de ces préjugés, je décidais d’organiser un dîner, histoire de me
              réjouir des allégations d’Yves-Rémi.

                   J’avais cuisiné un de ces délicieux poissons et en guise d’herbes
              aromatiques j’avais utilisé de la marijuana. Quant au dessert, il y avait une

              variété de gâteaux dont quelques « space-cakes ». Inutile de rajouter que la
              soirée fut des plus agréables, légère, très légère, autant pour mes amis que pour
              Yves-Rémi, auquel j’avouais la blague que je lui avais préparée.

                   Il ne fit plus jamais de remarque à ce sujet, et notre amitié resta
              définitivement soudée jusqu’à sa tragique disparition en 1986.





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