Page 185 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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Le rendez-vous avec l’équipe technique, avait été organisé dans le quartier
              des Halles, où je vivais, en commençant par mon domicile pour filmer quelques
              réalisations de mes dessins de tissus.

                        Par la suite, avec l’équipe, nous nous étions baladés dans le quartier des
              Halles  où  j’achetais  du  raisin  chez  une  commerçante,  me  voyant  filmée,  elle
              souhaitait savoir si j’étais une vedette et lui je répondis « non une catherinette ».

              Elle n’avait probablement pas saisi la situation, qui était la réalité ! Après cette
              ballade  dans  ce  quartier  en  pleine  évolution,  nous  avions  rejoint  l’avenue
              Montaigne  où  une  grande  réception  nous  attendait  en  l’honneur  de  cette
              Catherinette, « saison 2 ». Toute la maisonnée était affairée et amusée, sauf moi
              impressionnée et qui savais bien que tout cela ne me concernait pas vraiment.

                     Avec  Jean-Claude  Narcy,  nous  avions  rejoint  le  studio  où  je  travaillais
              habituellement,  ainsi  que  le  chef  opérateur  et  son  assistant.  J’étais,  très
              décontractée devant la caméra mais je le fus un peu moins, lorsque le journaliste
              entama les quelques questions inattendues, auxquelles j’allais répondre en toute
              franchise.  En  effet  il  me  paraissait  inconcevable  que  celui-ci  me  demanda
              comment je clôturais mes fins de mois, puisque, je lui expliquais avoir la chance
              qu’à  ma  rémunération  chez  Guy  Laroche,  s’ajoutait  régulièrement  celle  des
              collections  de  dessins  de  tissus,  réalisés  en  free-lance  pour  des  fabricants
              espagnols, et même parfois celle de certains concurrents de mon employeur, par
              conséquent je n’avais aucun souci financier. Le problème ne se posait même
              pas !! Après tout, j’étais censée représenter une jeune fille moderne et libre de
              l’époque !

                     Déçu de cette réponse inattendue, il me tendit une coupe de champagne,

              alors que nous nous étions déjà bien servis au buffet dès notre arrivée dans la
              maison de couture. Je pense qu’il tenait à ce que je sois totalement détendue et
              apte à répondre à ces questions sans que je me rebelle. Mais comment pouvait-
              il me demander ce que je pensais des prostituées face à la caméra, alors que
              j’habitais ce quartier des Halles, rue Tiquetonne exactement, perpendiculaire à
              la  rue  Saint-Denis  où  je  passais  quotidiennement !  C’est  ce  que  je  lui  fis
              remarquer  avec  ironie,  et  furieuse  de  cette  question  qui  m’était  posée.  Le
              journaliste  agacé,  me  tendit  à  nouveau  une  coupe  de  champagne,  pensant
              probablement  me  faire  dire  ce  que  je  ne  voulais  pas.  Comment  aurais-je  pu
              également me faire violer dans un parking, comme il souhaitait que je le raconte
              face  à  la  caméra,  alors  que  j’étais  censée  représenter  une  jeune  fille  forte  et
              autonome ?  Je  n’allais  pas  non  plus  lui  raconter  cette  horrible  mésaventure
              arrivée dans un bois quelques années auparavant que j’avais tenté d’enterrer

              définitivement.




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