Page 182 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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LE MANNEQUIN DÉCHAUSSÉ




                   Lors de mes fréquentes sorties, il m’arrivait de rencontrer des jeunes gens
              ou jeunes femmes aptes à accéder au statut de mannequin pour les différents
              défilés de prêt-à-porter. Je n’avais pas la prétention de jouer les directrices de
              casting, mais il est vrai que je connaissais bien les choix de Mrs Laroche et
              Douvier en la matière. J’avais d’ailleurs très souvent proposé à de nombreuses
              personnes de se présenter dans la maison de couture, en prévision d’un
              éventuel défilé de prêt-à-porter, et jamais je ne m’étais trompée dans mes

              choix.

                   C’est ainsi que j’avais repéré un jeune et charismatique brésilien,
              prénommé Roberto, Je lui avais suggéré de se présenter avenue Montaigne, en
              prévision du SEHM, salon du prêt-à-porter de l’habillement masculin qui se
              déroulait Porte de Versailles, et il se présenta. Il avait donc réussi à décrocher
              un contrat pour le salon mais également pour les différents défilés de prêt-à-
              porter. Il était très élégant, et portait une jolie paire de chaussures de grande
              marque qu’il convoitait probablement puisque Jean-Paul notre attaché de
              presse m’avait expliqué que les chaussures en question n’avaient pas été
              restituées. Je me sentais mal à l’aise et entièrement responsable de cette
              situation, puisque c’est moi qui l’avais présenté à M. Laroche.

                   Arriva le jour où Roberto se présenta avenue Montaigne pour obtenir le
              fruit de ses différentes prestations, du salon de la Porte de Versailles. Il arriva
              en terrain conquis, arborant un sourire et une attitude à la limite de
              l’arrogance. Plus qu’agacée, je décidais de l’affronter en lui sommant de rendre

              les chaussures sur le champ, au risque pour lui de ne pas récupérer la somme
              due pour ses différentes prestations, le choix lui incombait.

                   Il prit un air totalement confus face à ce dilemme et prétexta qu’il n’avait
              pas argent sur lui ni d’autres chaussures. Piégé par sa convoitise, il hésita, mais
              souhaitait obtenir la somme qui lui était due. Je lui proposais alors de se rendre
              au bureau comptable sous condition de restituer illico-presto les chaussures de
              la collection, puis une fois ses gains obtenus, il ne lui restait plus qu’à faire 300
              mètres pour se rendre à Monoprix sur les Champs-Elysées pour s’acheter une
              paire de chaussures à moindre frais. Il n’avait pas d’autre choix, et peiné, il
              quitta la maison de couture direction le Monoprix des Champs Elysées
              déchaussé et en chaussettes. On ne le revit plus jamais ….





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