Page 179 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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Un soir, nous étions conviés à un événement important mais je n’étais pas
d’humeur à sortir, trop de dessins textiles en prévision à réaliser pour des
acheteurs espagnols qui venaient régulièrement à Paris pour notre
collaboration. Je refusais cette sortie malgré l’insistance de Massoud. Yves-
Rémi faisait partie de notre joyeux groupe d’amis, il m’appela et insista par
téléphone pour me rendre à cette soirée. Devant mon refus catégorique il
décida de venir me chercher en voiture et je me voyais obligée d’accepter. Je
pensais pouvoir rejoindre Massoud, puisque notre romance semblait prendre
un destin durable.
Nous étions presque arrivés pour garer la voiture, mais je fus choquée
d’apercevoir Massoud, bras dessus, bras dessous, en compagnie de Frédérique
Poloane, artiste peintre bien connue de la jet-set parisienne, drôle, élégante et
riche, mais traînant une réputation de cougar. Dès qu’elle apercevait un jeune
et beau garçon, il fallait qu’elle se l’accapare pour parader en belle compagnie.
Ma déception et mon orgueil blessé furent à la hauteur de ma décision d’autant
plus radicale. Je décidais de mettre un terme à cette romance.
Massoud ne sut jamais pourquoi je m’étais soudainement désintéressée
de lui, à son grand désarroi, même lorsque quelques années plus tard, enceinte,
et séparée du père de l’enfant que j’attendais, il était venu par surprise, m’aider
à aménager mon nouveau logement, je n’osais par pudeur lui avouer ce qui
m’avait déçue chez lui et en étions restés aux banalités. Plus tard, remariée et
mère de famille nous nous sommes retrouvés par hasard, puis invités
mutuellement dans nos foyers respectifs, lui était en couple avec une jeune
femme blonde. Nous étions convenus de faire abstraction de notre passé, pour
ne froisser personne, et apparaître comme des amis de jeunesse. Par la suite,
nous nous sommes perdus de vue. C’est seulement quelques années plus tard
qu’il rencontra ma sœur et lui demanda de mes nouvelles avec empressement,
ne sachant pas que j’étais devenue grand-mère, il en fut étonné et souhaitait
obtenir mes coordonnées. Ma sœur trop affairée ce jour là, n’avait pas donné
d’importance ni de suite à sa demande.
Souvent je pensais à lui, sa bonne humeur et nos fous rires. J’avais
pourtant tenté de le retrouver par le biais d’amis communs, et même en
contactant l’ambassade d’Afghanistan juste pour le revoir et nous remémorer
nos fous rires incroyables, et peut-être lui donner la raison de cette brutale et
soudaine rupture, mais en vain…
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