Page 25 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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AU FEU





                   A la suite de cette dramatique aventure causée par mon frère, l’histoire du
              petit voisin hospitalisé, les deux jambes fracturées et plâtrées, laissait supposer

              à tous, que nous allions enfin mener une existence tranquille dans la courée.

              Ce ne fut pas le cas…

                      Maman attendait incessamment un heureux évènement, que je

              nommerai ma future petite sœur. Elle était alitée au rez-de-chaussée, pour se
              reposer. C’était un bel après-midi d’automne, mon père au premier étage, en

              plein sommeil de son travail de nuit. Ma grand-mère maternelle avait élevé ses
              dix enfants, seule - les causes de la grande guerre - et se sentait indispensable

              par le fait d’assister maman aux tâches ménagères et familiales. Elle s’était
              installée provisoirement chez nous. Je me souviens d’elle, alors qu’elle

              somnolait sur une chaise à l’extérieur, devant la maison. Je jouais dans le fond
              de la cour, occupée par la lessive des vêtements de mes poupées. La scène se

              passait près de la petite réserve, que l’on nommait « la baraque », où mon père
              stockait le charbon, les bouteilles de gaz butane, ainsi que sa mobylette avec le

              réservoir rempli d’essence.

                      Mon frère était absent, quand soudain, je le vis surgir et s’avancer avec

              une bande de copains du quartier dans ma direction. C’est alors qu’il prit
              l’incroyable initiative d’inviter ses camarades à entrer à l’intérieur de « la

              baraque » et me força à les suivre malgré mon refus insistant.


                      Vu l’état de ma mère, qui était un excellent prétexte, il avait réussi à
              obtenir à l’épicerie-boulangerie proche de chez nous une boîte d’allumettes,

              qu’il s’empressa d’utiliser pour mettre le feu à la réserve à combustibles, dans
              laquelle il avait eu l’ingénieuse idée de tous nous enfermer.






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