Page 38 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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LES COMBATTANTS




                   Un dimanche nous faisions la grasse matinée pendant que les parents

              étaient occupés au rez-de-chaussée. Mon frère ne ratait donc pas cette occasion
              pour s’adonner à quelques facéties. C’est ainsi qu’il vint dans ma chambre pour
              me taquiner. Nous avions déclenché une bataille, avec une nouvelle stratégie

              «les oreillers de combat».


                      Mon père, attiré par les bruits incessants et disputes du premier étage
              intervint pour mettre un terme à ce vacarme. Quelle ne fut pas sa surprise de

              voir les plumes des oreillers virevolter dans toute la chambre, devant notre
              insouciance et nos rires d’enfants. Lorsque mon père essaya d’y mettre un

              terme, et pour échapper à une probable punition, je tentais de m’esquiver par
              l’escalier, suivie par mon frère que je n’avais même pas remarqué derrière moi

              dans cette précipitation.


                      Arrivée au rez-de-chaussée, je refermais derrière moi, avec force et
              rapidité la porte du séjour en la claquant violemment quand j’eus la
              malheureuse surprise de me rendre compte que mon frère juste derrière moi,

              venait de subir un accident par ma faute, puisqu’il se prit dans l’oeil gauche, la

              poignée de la porte brutalement refermée par mes soins.

                      Mon frère hurlait, le sang giclait devant mon attitude de panique et

              impuissance à y remédier. Finalement, heureusement pour lui, il avait été
              atteint juste au-dessous de l’œil, qu’il avait failli perdre à quelques millimètres

              près. Je culpabilisais pendant quelque temps de ce que je lui avais causé,
              d’autant plus que je le maudissais d’avoir crevé l’œil de ma poupée devenue

              borgne ! Désemparée, je me sentais coupable d’avoir commis l’irréparable.
              Finalement, il y eut plus de peur que de mal pour lui,








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